L'offensive des Touaregs et des islamistes dans le nord du Mali complique les tractations sur le sort des otages français au Sahel et renforce la position de l'un des intermédiaires traditionnels, estiment des sources concordantes.
Alors que des contacts, certes indirects et intermittents, étaient maintenus avec les ravisseurs pour tenter d'obtenir la libération des six Français détenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), la conquête par les rebelles touaregs, les formations intégristes et des membres d'Aqmi de la moitié nord du Mali, gèle le dossier des otages.
"La situation actuelle complique énormément la résolution de ces prises d'otages" a confié à l'AFP une source diplomatique qui, impliquée dans le dossier, demande à ne pas être identifiée.
Il y a dix jours le ministre français de la coopération, Henri de Raincourt, assurait que les six français aux mains d'Aqmi au Sahel étaient "en vie" mais que "la période n'est pas très favorable à l'approfondissement des contacts avec les ravisseurs (...) toujours indirects et pas continus".
Les services occidentaux de renseignement estiment que les otages français, ainsi que deux Espagnols et une Italienne kidnappés en octobre 2011 en Algérie et détenus par le Mouvement unicité et jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), un nouveau groupe islamiste issu d'une scission au sein d'Aqmi, ont été séparés et sont détenus dans des massifs montagneux du nord-ouest du Mali.
Alors que les hommes d'Aqmi ont quitté leurs bases isolées pour conquérir, aux côtés ou en même temps que les rebelles touaregs, toutes les grandes villes de la région, il est encore trop tôt pour savoir ce qu'il est advenu de leurs captifs.
Mais ce qui est certain c'est que ces conquêtes territoriales renforcent considérablement l'influence et le poids dans la région de Iyad Ag Ghaly.
Cette figure des rébellions touaregs des années 1990 au Mali, désormais à la tête du mouvement islamiste armé Ansar Dine ("Défenseurs de l'islam", en arabe) contrôle notamment la grande ville de Tombouctou, qu'il a capturée à la tête d'une colonne d'une cinquantaine de pick-ups.
Réputé proche d'Aqmi, dont l'une des katibas est dirigée par l'un de ses cousins, Hamada Ag Hama, plus connu sous le nom d'Abdelkrim Taleb, il a dans le passé fait office d'intermédiaires dans les négociations qui ont abouti à la libération d'otages français et allemands capturés dans le région.
A Gao, selon des témoins, ses hommes ont pris leurs quartiers dans un camp militaire aux côtés de jihadistes du Mujao.
Selon une source sécuritaire dans la région, trois des principaux chefs d'Aqmi au Sahel (Abou Zéïd, Mokhtar Belmokhtar et Yahya Abou Al-Hammam, tous trois algériens) auraient été vus en compagnie d'Iyad Ag Ghaly récemment à Tombouctou.
A Paris, des sources policières proches du dossier estiment que l'approche de la date du premier tour de l'élection présidentielle pourrait inciter, comme ce fût le cas dans le passé, les ravisseurs à se manifester.
Selon l'une de ces sources, qui demande à rester anonyme, cela pourrait prendre la forme d'une vidéo des ravisseurs ou des otages postée sur internet au cours des prochains jours.
Lors d'une récente interview au journal régional français "La Provence" Bernard Squarcini, directeur central du Renseignement intérieur, évoquait "les otages du Mali" en déclarant: "A mon avis, cela ne va pas tarder à entrer aussi dans la campagne".
Parmi les captifs, quatre collaborateurs français du groupe nucléaire Areva et de son sous-traitant Satom ont été enlevés à leurs domiciles au Niger le 16 septembre 2010.
Deux autres Français, qui se présentaient comme des géologues, ont été capturés le 24 novembre 2011 dans leur hôtel à Hombori, dans nord-est du Mali.
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