Le Soudan face à une pénurie de devises fortes à l'approche du référendum

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KHARTOUM (AFP)

Les banques soudanaises font face à un sérieux problème d'accès à des devises étrangères, y compris l'euro et le billet vert, ce qui dope le marché noir du change déjà sous pression à l'approche du référendum d'indépendance du Sud-Soudan.

"Nous n'avons plus de dollars et d'euros pour le moment.Nous attendons des transferts de la banque centrale", indique un banquier de Khartoum, sous couvert d'anonymat, résumant la situation de nombreuses institutions financières.

Le Soudan, plus grand pays d'Afrique, est sous le coup depuis 1997 de sanctions économiques américaines limitant notamment l'accès au dollar.Mais ces dernières semaines, la source de devises étrangères s'est littéralement tarie sur le marché officiel.Résultat: le marché noir explose.

Le dollar flirte à 3 livres soudanaises à la vente, ou 3,5 livres à l'achat, contre 2,5 livres en moyenne dans les banques habituellement.L'euro dépasse 4,1 livres à l'achat, contre 3,45 livres dans les banques.Bref, les devises fortes s'échangent près de 20% au-dessus de leur cours habituel.

"Les gens n'ont plus confiance dans leur monnaie et cherchent à obtenir des devises solides", explique un analyste sous couvert d'anonymat.

"Il y a une forte demande, alors même que les réserves de la Banque centrale sont au plus bas", car la balance commerciale du Soudan est négative et le pays injecte des fonds dans la sécurité à l'approche du référendum, ajoute-t-il.La raréfaction des devises étrangères donnent des maux de têtes aux hommes d'affaires locaux dont plusieurs sont forcés de s'approvisionner en devises sur le marché noir afin de financer leurs importations, ce qui, par ricochet, augmente le prix des produits de consommation.

"Il est partiellement exact" de dire qu'il y a un manque de devises étrangères sur le marché, admet le gouverneur de la Banque centrale, Saber Mohamed Hassan.

Mais "la banque centrale ne peut pas répondre à l'importante demande en devises étrangères...Les banques (commerciales, NDLR) doivent faire leurs propres provisions de devises", a-t-il dit à l'AFP, précisant que l'incertitude liée au référendum de janvier affectait aussi les cours de la devise soudanaise.

Les Sud-Soudanais doivent choisir, lors d'un référendum prévu le 9 janvier, entre le maintien de l'unité ou la sécession.Ce scrutin est l'un des points-clés d'un accord de paix ayant mis fin en 2005 à plus de deux décennies de guerre civile entre le Nord, musulman, et le Sud, en grande partie du chrétien.

Des Sudistes à Khartoum (Nord) avaient fait le plein de devises étrangères dès fin septembre, se préparant à l'éventualité de quitter le Nord Soudan, à la suite de déclarations selon lesquelles ils pourraient perdre leurs droits si le Sud-Soudan se séparait.

"Lorsqu'il y a des incertitudes, les gens recherchent toujours un refuge, de la protection.Cela augmente la demande pour les devises étrangères", souligne M. Hassan.

Le Soudan, troisième producteur pétrolier en Afrique subsaharienne, produit actuellement 515.000 barils de pétrole par jour, selon le ministère du pétrole.Or les trois-quarts de cette manne, principale source de devises étrangères, sont extraits au Sud-Soudan.

"Si le Sud part avec le pétrole, cela causera potentiellement un problème de devises étrangères" au Nord, estime Marial Awour, secrétaire d'Etat aux Finances.

"Le pétrole a tué des secteurs traditionnels (de l'économie) comme l'agriculture", dit-il.Nous voulons donc encourager ces secteurs" à augmenter leur production, pour sortir de cette crise des devises.

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