L'une des zones pétrolières clés du Sud-Soudan s'inquiète des conséquences environnementales de la production de l'or noir et souhaite mieux contrôler l'activité des compagnies actives dans ce secteur stratégique pour le futur de cette région sous-développée.
Le Sud-Soudan doit choisir par référendum le 9 janvier de se séparer ou non du Nord et obtenir ainsi son indépendance.Le Sud contrôlerait alors la majeure partie du pétrole soudanais actuellement exploité, une manne indissociablement liée à un héritage moins enviable, celui de la pollution des sols.
Le Soudan est doté de réserves estimées à plus de six milliards de barils et pompe actuellement 510.000 bpj, selon les données du ministère du Pétrole à Khartoum.
"Les compagnies pétrolières ont démarré leur exploitation pendant la guerre (civile Nord-Sud, 1983-2005).Elles n'étaient alors pas invitées par les communautés ou le gouvernement du Sud-Soudan (...) Elles ont causé beaucoup de dégâts à la vie des villageois et à leur bétail", affirme le gouverneur de l'Etat d'Unité, Taban Deng Gai.
Au nord de la capitale d'Unité, Bentiu, les installations pétrolières se succèdent les unes aux autres dans un paysage de marais et de plaines traversés par des pistes de bonne facture, construites par les compagnies tout comme les rangées de pylônes électriques qui survolent sans les desservir des villages de huttes.
Une ONG allemande, "Signe d'espoir", a depuis 2009 établi une corrélation entre le très haut degré de salinité de l'eau rejetée par l'activité pétrolière et celui constaté dans la nappe phréatique supérieure où les localités avoisinantes tirent leur eau.
Une eau impropre à la consommation, provoquant des diarrhées, selon les habitants de plusieurs villages interrogés par l'AFP et l'hydrogéologue Hella Rüskamp, qui accompagne l'ONG dans ces recherches.
L'ONG et une équipe de l'AFP ont récemment eu un accès inédit aux centres de production de "Unity", "Al Nar" et "Toma South", dans le sillage d'une tournée d'inspection du ministre de l'Environnement et des ressources naturelles de l'Etat d'Unité, William Garjang Gieng.
Les trois installations, situées dans le Bloc n°1, sont opérées par le consortium GNPOC ("Greater Nile Petroleum Operating Company"), détenu par le Chinois CNPC (40%), le géant malaisien Petronas (30%), la compagnie indienne ONGC (25%) et la compagnie nationale soudanaise Sudapet (5%).
Principale constatation : l'ensemble des bassins de filtrage des eaux de pompage, censés purifier l'eau avant qu'elle ne soit déversée dans la nature, ne sont pas isolés par des revêtements en plastique et laissent les polluants s'infiltrer dans le sous-sol.
"Nous ne pouvons arrêter l'exploitation de ces ressources.Le Sud-Soudan dépend pour son budget des revenus du pétrole à hauteur de 97-98%.La population a besoin de services, d'écoles, de routes.Nous poursuivrons la production mais avec de nouvelles règles qui doivent protéger l'environnement", explique le gouverneur.
"Nous savons que le pétrole prendra fin bientôt et nous ne voulons pas nous retrouver avec un environnement et des sols pollués", assure-t-il.
"Un cadre juridique devrait être établi qui interdirait clairement les compagnies de polluer l'environnement.Et si elles ne respectent pas ces obligations, elles devraient payer des amendes", plaide de son côté Klaus Stieglitz, vice-président de "Signe d'espoir".
Le ministre local de l'Environnement, William Garjang Gieng, se fait plus explicite : "Quelle que soit la manière, le Sud-Soudan va devenir un Etat indépendant.Dès lors, toute compagnie qui veut travailler avec nous devra dorénavant obéir".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.