Législatives en Egypte : le pouvoir veut faire refluer les islamistes

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LE CAIRE (AFP)

Le parti du président Hosni Moubarak entend conserver une confortable majorité lors des élections législatives égyptiennes dont le premier tour a lieu dimanche, face à une opposition islamiste qui dénonce une vaste campagne pour l'affaiblir.

De nouvelles manifestations avec des milliers de personnes ont eu lieu dans divers points du pays, quelques heures avant la fin de la campagne officielle vendredi à minuit, débouchant par endroits sur des heurts entre partisans de candidats rivaux, selon les services de sécurité.

Des voix se sont élevées en Egypte comme à l'étranger pour manifester leur inquiétude devant des restrictions et des violences, incompatibles avec les élections "libres et régulières" promises par le pouvoir.

Environ 40 millions d'électeurs, sur 82 millions d'Egyptiens, sont appelés à voter pour 508 députés (dont un quota de 64 sièges réservés à des femmes), mais beaucoup sont résignés face à un scrutin jugé comme joué d'avance pour le Parti national démocrate (PND) du raïs Moubarak, au pouvoir depuis 29 ans.

Les Frères musulmans, qui avaient réussi une percée en 2005 en raflant un siège sur cinq, ont dénoncé l'arrestation de plus d'un millier de leurs militants au cours des dernières semaines, des invalidations abusives de candidatures et des intimidations.

La confrérie islamiste soutient 130 candidats qui se présentent sous l'étiquette "indépendante" en raison du caractère illégal de leur organisation, une pratique à laquelle le PND a demandé à la justice de mettre un terme.

La situation pourrait se révéler tendue dimanche à Alexandrie (nord), où les candidats islamistes ont été disqualifiés dans dix circonscriptions sur onze, et dans le delta du Nil où ils sont puissants.

Le PND ne fait pas mystère de sa volonté de briser la représentation parlementaire des Frères afin de renforcer l'image de stabilité du régime, face aux incertitudes sur la santé de M. Moubarak, âgé de 82 ans, et sur son éventuelle succession lors de la présidentielle de 2011.

Le parti compte conserver au moins les deux tiers des sièges, la majorité requise pour modifier si nécessaire la Constitution.

L'opposition légale, morcelée en une vingtaine de petits partis sans grande audience, pourrait profiter d'un reflux des islamistes et d'une volonté du pouvoir de promouvoir à la place une opposition laïque.

La campagne a également été marquée par des tensions avec les Etats-Unis, qui ont exprimé leur inquiétude face au climat préélectoral et réclamé en vain des observateurs internationaux.

Le président de l'Assemblée, Fathi Sorour, a répondu en affirmant que les pressions américaines faisaient le jeu des Frères musulmans et risquaient d'amener en Egypte un "Etat religieux".

L'opposant Mohamed ElBaradei, qui avait fait en début d'année un retour triomphal au Caire après avoir dirigé l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), n'a pas réussi à rallier l'opposition à un boycott du scrutin.

Le président Moubarak a promis des élections "libres et régulières", tandis que son Premier ministre Ahmed Nazif a assuré que le processus électoral serait géré "d'une manière intègre".

Mais l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch a estimé que "la répression par le gouvernement fait que des élections libres et justes sont extrêmement improbables ce week-end".

Malgré les banderoles et affiches électorales, une large partie de la population, dont 40% vit avec deux dollars ou moins par jour, semblait plus préoccupée par les difficultés quotidiennes.

"Je n'ai jamais voté parce que les élections ne changent rien" aux problèmes des gens, a ainsi déclaré Samir, coiffeur dans un quartier populaire du Caire.

Le second tour est prévu le 5 décembre.

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