Des violences avec un mort, des manifestations et des accusations d'irrégularités ont marqué dimanche le premier tour des élections législatives en Egypte, où le parti du président Hosni Moubarak entend renforcer son pouvoir face à l'opposition islamiste.
Les électeurs, visiblement peu motivés par un scrutin jugé gagné d'avance par le pouvoir, ont été, quant à eux peu, nombreux tout au long de la matinée dans les bureaux de vote du Caire ou d'Alexandrie (nord), la deuxième ville du pays, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Un jeune homme de 24 ans, Omar Sayyed Sayyed, a été tué d'un coup de poignard dans la nuit de samedi à dimanche alors qu'il collait des affiches pour son père, Sayyed Sayyed Mohamed, candidat indépendant dans le nord-est du Caire.
La famille estime que le meurtre est lié aux élections, mais la police soutient qu'il s'agit d'une "dispute privée".
Des heurts entre partisans de différents candidats ont par ailleurs été rapportés dans plusieurs villes du pays, faisant notamment un blessé par balle près de Mansourah, dans le delta du Nil.
En de nombreux autres endroits, la police a dispersé avec des gaz lacrymogènes des manifestants protestant contre l'interdiction faite à des délégués de candidats indépendants ou d'opposition d'entrer dans les bureaux de vote pour surveiller les opérations, comme ils en ont le droit.
"Dès le tout début du vote, il y a eu toute une série d'irrégularités et une utilisation de la force qui menacent le processus électoral", a affirmé dans un communiqué la Coalition égyptienne pour la surveillance des élections.
Une autre organisation non-gouvernementale, la Coalition indépendante pour l'observation, a fait état d'agressions "contre des candidats, leurs représentants ou des journalistes" par les forces de l'ordre.
Des correspondants de la presse étrangère, notamment des photographes, ont indiqué s'être vu refuser par la police l'accès à de nombreux bureaux de vote sous des motifs divers, en contradiction avec les règles distribuées aux médias pour pouvoir y accéder.
Quelque 40 millions d'électeurs, sur 82 millions d'Egyptiens, sont appelés à renouveler l'Assemblée du peuple qui compte 518 sièges -508 ouverts au vote et dix attribués par le président Hosni Moubarak.Le second tour est prévu le 5 décembre.
Le Parti national démocrate (PND) de M. Moubarak a promis de laminer la représentation parlementaire des Frères musulmans, qui avaient raflé un cinquième des sièges en 2005.
La confrérie islamiste, officiellement interdite mais tolérée dans les faits, soutient 130 candidats se présentant comme "indépendants".
Elle a dénoncé une vaste campagne d'arrestations et d'intimidations de la part du pouvoir à l'encontre de ses militants au cours des dernières semaines.
Le président Hosni Moubarak a promis de son côté un vote "libre et régulier".
A Alexandrie, Omar Mahmoud, un marchand ambulant, affirmait dimanche "ne pas voir l'intérêt de voter", une opinion largement partagée par la population, sans illusion sur le résultat de la consultation.
Dans le quartier populaire de Choubra, au Caire, Rasmiya Abdel Hadi, 50 ans, assurait, elle, qu'elle voterait pour le candidat islamiste, un médecin, "parce qu'il représente nos intérêts" et qu'il "soigne les gens gratuitement".
Les Etats-Unis ne sont pas parvenus à obtenir la présence d'observateurs internationaux, une demande vivement rejetée par l'Egypte comme une "ingérence étrangère".
Cette élection sera suivie dans un an par une élection présidentielle, à laquelle M. Moubarak, 82 ans et au pouvoir depuis 29 ans, n'a pas encore dit s'il se présenterait.
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