Les Gambiens sont appelés aux urnes jeudi pour choisir leurs députés, premières élections depuis le départ de l'autocrate Yahya Jammeh, suscitant l'espoir d'un réel équilibre des pouvoirs après 22 ans de toute-puissance de l'exécutif.
En Gambie, pays anglophone enclavé dans le territoire sénégalais, hormis sa façade atlantique, le Parlement monocaméral compte 58 députés: 53 élus et cinq nommés par le président pour un mandat de cinq ans.
Les opérations de vote sont prévues de 08H00 à 17H00 (locales et GMT).Les premiers résultats sont attendus vendredi, selon la Commission électorale (IEC).
Un peu plus de 886.000 électeurs, sur près de 2 millions d'habitants, doivent choisir leurs députés parmi 238 candidats, issus de neuf partis politiques ou de listes indépendantes, selon l'IEC.
Yahya Jammeh est parti en exil en Guinée équatoriale en janvier, à la suite d'une intervention militaire de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et d'une ultime médiation guinéo-mauritanienne pour le forcer à céder le pouvoir.
Déclaré perdant de l'élection présidentielle du 1er décembre 2016, il a contesté pendant six semaines sa défaite face à Adama Barrow, candidat d'une large coalition.
Mais cette coalition n'aura pas survécu au départ de M. Jammeh et les partis qui la composaient se présentent séparément à ce scrutin, faisant craindre à certains de ses membres que cette division ne profite à la formation de l'ex-président, l'Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC).
L'APRC espère l'emporter dans les 29 circonscriptions où elle présente des candidats, selon son chef de campagne, Yankuba Colley.
"L'APRC est le plus grand parti du pays, que ça plaise ou non", a déclaré un responsable de cette formation, Bibi Darboe, lors d'un meeting à Bakau, près de la capitale Banjul, mardi soir, au dernier jour de la campagne.
Malgré ces proclamations, les rangs des partisans de l'APRC, en tee-shirts verts à l'effigie de Yahya Jammeh, étaient bien plus clairsemés qu'avant la présidentielle de décembre, quand toute idée d'alternance démocratique en Gambie semblait pratiquement inimaginable.
"Ils vont mourir de leur belle mort", a au contraire estimé Madi Ceesay, du Parti démocratique unifié (UDP), auquel appartenait Adama Barrow avant d'en démissionner pour représenter l'ensemble de la coalition contre Yahya Jammeh.
"Ils n'auront pas plus de deux sièges au Parlement", a assuré M. Ceesay, un des 44 candidats de l'UDP, en lice à Serrekunda, la zone la plus peuplée du pays, près de Banjul.
- Observateurs européens, troupes africaines -
Le Congrès démocratique de Gambie (GDC), créé en 2016 et dont le chef, Mama Kandeh, est arrivé en troisième position à l'élection présidentielle, loin derrière MM.Jammeh et Barrow, espère de son côté réaliser une percée.
Le parti attire les électeurs "parce que nous parlons de la jeunesse, des femmes, et d'émancipation", a affirmé un de ses candidats, Ebrima Nyang.
Aux précédentes élections législatives, en 2012, l'APRC avait remporté une victoire écrasante.Six des principaux partis d'opposition de l'époque avaient boycotté le scrutin, accusant le régime "d'abus de pouvoir".
Sous Yahya Jammeh, arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 1994, puis constamment élu et réélu de 1996 à sa défaite surprise en 2016, les lois étaient généralement d'initiative gouvernementale et n'étaient envoyées que beaucoup plus tard, voire jamais, à l'Assemblée pour être approuvées.
L'Union européenne, qui a déployé pour la première fois une véritable mission d'observation des élections en Gambie, s'est dite confiante dans le déroulement du scrutin.
"La campagne a été très libre et pacifique", a déclaré le chef de la mission, le député tchèque au Parlement européen Miroslav Poche."L'IEC a fait ses preuves lors de l'élection présidentielle de décembre", a-t-il souligné.
L'Union africaine et la Cédéao, dont les troupes sont toujours présentes en Gambie à la demande de M. Barrow, ont également envoyé des observateurs.
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