Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a affirmé que les bombardements de l'Otan ne pourraient pas l'atteindre car il est porté dans "les coeurs de millions de Libyens", dans un message audio diffusé vendredi soir par la télévision d'Etat.
"Je vais vous dire que vos bombardements ne m'atteindront pas parce que des millions de Libyens me portent dans leur coeur", a dit le dirigeant libyen, remerciant les dirigeants et chefs d'Etat qui ont demandé de ses nouvelles de santé après un raid de l'Otan jeudi.
Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, avait évoqué vendredi la possibilité que Kadhafi soit blessé et en fuite.
M. Frattini, a jugé "crédibles" des déclarations de l'évêque de Tripoli selon lesquelles le colonel Kadhafi serait blessé et aurait fui la capitale, a rapporté l'agence Ansa.
Le ministre italien a toutefois précisé que son gouvernement ne disposait "d'aucun élément sur le sort actuel de Kadhafi", tout en estimant que les pressions internationales étaient en train de provoquer "une désagrégation du régime de l'intérieur".
"Il y a des signes de dissolution, une brèche s'est ouverte", a-t-il insisté.
Les efforts de l'AFP pour joindre l'évêque de Tripoli, Mgr Giovanni Martinelli, ont été vains.
Parallèlement, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-Ocampo, a annoncé qu'il demanderait lundi des mandats d'arrêt contre "trois personnes" pour des crimes contre l'humanité commis depuis le début de la révolte en Libye le 15 février.
Aux Etats-Unis, le Premier ministre de la rébellion, Mahmoud Jibril, avait rendez-vous vendredi à la Maison Blanche avec le conseiller du président Barack Obama pour la sécurité nationale, Tom Donilon.
M. Jibril s'est déjà entretenu mercredi avec le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, John Kerry, qui a annoncé travailler sur une loi permettant d'utiliser des avoirs gelés du colonel Kadhafi au profit des rebelles, comme l'avait promis la secrétaire d'Etat Hillary Clinton.
Plus de 30 milliards de dollars d'avoirs libyens ont été gelés aux Etats-Unis dans le cadre des sanctions économiques contre Tripoli.De source proche de l'administration, Washington pourrait verser à court terme plus de 150 millions de dollars aux rebelles.
Outre ces fonds indispensables pour les rebelles, M. Jibril espérait surtout une reconnaissance officielle des Etats-Unis.Pour l'instant, seuls la France, le Qatar, l'Italie, la Gambie et depuis jeudi le Royaume-Uni ont reconnu le CNT comme unique représentant légitime de la Libye.
Ces contacts de plus en plus fructueux interviennent alors que les rebelles, dopés par leurs succès à Misrata (ouest) sur les forces loyalistes, s'apprêtent à marcher sur Zliten, avec en ligne de mire Tripoli, à 200 km à l'ouest.
Assiégés et bombardés pendant plus de deux mois à Misrata, les rebelles, appuyés par les frappes de l'Otan, ont en effet réussi à prendre l'aéroport et à faire reculer les pro-Kadhafi suffisamment pour que la grande ville côtière soit hors de portée de leurs roquettes.
A Bruxelles, l'Otan a signalé que grâce à cette accalmie, plus de 20 bateaux avaient pu entrer librement dans le port de Misrata depuis trois jours, et affirmé que les frappes avaient sérieusement affecté les forces gouvernementales.
Selon Salah Badi, un responsable rebelle, les forces gouvernementales se sont désormais regroupées à Zliten (50 km à l'ouest de Misrata) et les insurgés ont déjà progressé d'environ 20 km dans cette direction, avec l'ambition de marcher jusqu'à Tripoli, 150 km plus loin.
A Benghazi, la "capitale" des rebelles, comme chaque vendredi, 10.000 personnes se sont rassemblées sur le front de mer pour défier le colonel Kadhafi.
Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaïm, a affirmé que le régime ne tenterait pas de reprendre par la force l'Est du pays actuellement aux mains des rebelles.
Après avoir subi des mouvements de balanciers de plusieurs centaines de kilomètres entre Syrte et Benghazi, la ligne du front Est s'est stabilisée depuis plusieurs semaines entre Ajdabiya, à 160 km au sud-ouest de Benghazi, et Brega, 80 km plus à l'ouest.
Mais selon la télévision d'Etat libyenne, au moins 16 "civils" ont été tués et des dizaines blessés dans une frappe de l'Otan à Brega dans la nuit de jeudi à vendredi.Selon les rebelles, il ne reste cependant presque plus de civils à Brega, dont les habitants ont fui les combats depuis des semaines.
A Benghazi, un ancien soldat français responsable d'une société privée de sécurité est décédé dans la nuit de mercredi à jeudi après avoir été blessé par balle lors d'un "un contrôle de police", et quatre autres Français, employés de la société, ont été interpellés.
Depuis le début de la révolte en Libye, les violences ont fait des milliers de morts selon le procureur de la CPI, et poussé près de 750.000 personnes à fuir, selon l'ONU.
Le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a estimé vendredi que quelque 1.200 personnes fuyant la Libye pourraient avoir péri en Méditerranée ces trois derniers mois, et fait état de témoignages sur le refus de navires militaires de secourir un bateau de migrants à la dérive.
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