Les Erythréens, qui ont fui leur pays, se révèlent une proie facile dans le désert soudanais pour les trafiquants qui les enlèvent et parfois les tuent, témoignent des réfugiés et les Nations unies.
Ils "nous attrapent et nous vendent comme des moutons", affirme un demandeur d'asile originaire d'Erythrée, qui préfère rester anonyme pour des raisons de sécurité comme tous les réfugiés interrogés par l'AFP dans le camp de Chagarab, situé dans l'Etat frontalier du Kassala (nord-ouest).
"Les groupes impliqués sont lourdement armés.Nous entendons des échanges de tirs entre les forces gouvernementales et ces groupes", explique à l'AFP Felix Ross, un responsable de la sécurité au Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR) dans l'est du Soudan.
Selon lui, le problème est apparu ces deux ou trois dernières années, le HCR ayant vent désormais d'au moins 20 enlèvements par mois."Mais nous pensons que le chiffre est en fait beaucoup plus élevé", affirme M. Ross.
Lors d'une visite au camp de Chagarab jeudi, le Haut commissaire aux réfugiés, Antonio Guterres, a affirmé que des "réseaux criminels de trafiquants" tiraient "profit de la situation désespérée" de nombreux Erythréens" ayant dû quitter leur pays.
"Les gens sont kidnappés en vue d'une rançon", qui peut atteindre 10.000 dollars, et certains qui arrivent à rejoindre la péninsule du Sinaï, en Egypte, sont "tués à des fins de trafic d'organes", a-t-il dit à des journalistes.
Ces enlèvements et ce trafic d'êtres humains constituent une priorité pour le HCR, qui espère réunir deux millions de dollars pour aider la police locale à protéger les réfugiés et améliorer la sécurité du camp.
Le camp de Chagarab accueille chaque mois quelque 2.000 demandeurs d'asile, généralement des Erythréens ayant fui le service militaire.
"Les réfugiés, parce que leur liberté de mouvement est limitée au Soudan, ont recours à des passeurs pour les transporter à travers le pays ou pour en sortir", selon le HCR.
"Ici, il n'y a pas de sécurité", affirme un Erythréen ayant passé quatre mois à Chagarab.Un autre de 27 ans confirme, en expliquant que les kidnappings se produisent notamment quand les habitants du camp vont aux toilettes la nuit.D'autres ont été "enlevés par les Rashaida" en venant de la frontière, dit-il dans une pièce en béton qu'il partage avec 25 autres hommes.
"Il leur demandent une rançon.Certains parlent de 50.000 livres soudanaises (12.000 dollars)", explique-t-il."La plupart du temps, ils ne peuvent pas payer alors ils sont torturés".
La tribu locale Rashaida, qui élève des chameaux, est montrée du doigt par des nombreux réfugiés.
Les trafiquants d'êtres humains "gagnent beaucoup d'argent dans une région, où il est difficile d'en gagner", souligne M. Ross."Nous savons que dans le camp de réfugiés, des gens travaillent avec ces groupes criminels", déplore-t-il.
L'ONU estime que 80% des nouveaux arrivants quittent le camp dans les deux mois pour Khartoum, l'Egypte et Israël notamment, à la recherche de meilleures opportunités économiques.
La commission des réfugiés du Soudan reconnaît quasiment tous les nouveaux demandeurs d'asile et les réfugiés, mais s'ils restent dans les camps, ils peuvent attendre des années avant d'être réinstallés quelque part.
"Personne ne se soucie de nous", se lamente un Erythréen ayant déjà passé huit mois dans le camp.
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