Les Ivoiriens aux urnes pour une élection historique, après des violences

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ABIDJAN (AFP)

Les Ivoiriens se rendaient dimanche aux urnes pour le second tour d'une élection présidentielle historique qui doit clore une décennie de crises politico-militaires, un scrutin sous tension après une semaine de violences parfois sanglantes. 

Quelque 5,7 millions de personnes sont appelées à départager le sortant Laurent Gbagbo et l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara.Les deux rivaux de longue date avaient réuni 38% et 32% des suffrages au premier tour le 31 octobre, marqué par une participation exceptionnelle (83%).

"Je suis venue pour que mon pays soit libéré avec ces élections", "libéré de la guerre, la violence", a expliqué à l'AFP Elisabeth Ahoussi, 47 ans, commerciale, dans le quartier administratif du Plateau, à Abidjan.

 Si elle a assuré ne pas avoir de craintes après les tensions des derniers jours, elle a tout de même fait des provisions: "on ne sait jamais, il faut toujours se préparer".

Dans la capitale économique, certains bureaux de vote ont ouvert avec du retard sur l'horaire prévu de 07H00 (locales et GMT), en raison d'un manque de matériel ou de l'absence d'une partie des agents électoraux.

Boni Asseman, exploitant de bois âgé de 42 ans, a dit ne pas avoir d'"inquiétude" après avoir voté dans un bureau de Gagnoa (centre-ouest), bastion du chef de l'Etat dans la grande région cacaoyère.Pour lui, "ce sont les passionnés et les excités qui s'adonnent à la violence".

 Etudiante de 23 ans venue spécialement d'Abidjan pour voter dans sa ville de Bouaké (centre), Aminata Coulibaly reconnaissait avoir "peur": "on vient voter mais on ne sait pas comment ça va se terminer".

M. Ouattara était arrivé largement en tête il y a un mois dans la "capitale" de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), dont le putsch raté de septembre 2002 a provoqué la partition du pays en un nord FN et un sud loyaliste.

  Le scrutin, à l'issue totalement incertaine, se tient dans un climat de tensions, après une campagne marquée par des affrontements entre partisans des deux camps qui ont causé la mort d'un militant pro-Gbagbo et fait de nombreux blessés.

 Samedi après-midi dans le quartier populaire d'Abobo, fief de M. Ouattara à Abidjan, au moins trois personnes ont été tuées lors de heurts entre police et opposants qui protestaient contre le couvre-feu instauré pour la nuit et jusqu'à mercredi sur décision de M. Gbagbo.

La mesure a été décrétée à la surprise générale par le chef de l'Etat, qui a dit vouloir "dissuader quelques extrémistes".

Si le camp Ouattara y a vu aussitôt une volonté de "fraude", les longues discussions de samedi entre les candidats et le médiateur, le président burkinabè Blaise Compaoré, n'avaient pas permis dans l'immédiat de trouver un compromis.

Mais un dirigeant des FN interrogé par l'AFP a assuré que la mesure, qui n'a pas été respectée en zone nord, devait être "suspendue" dans la journée.

Sous l'égide de M. Compaoré, les deux prétendants ont lancé ensemble un appel au calme et se sont engagés à respecter le verdict des urnes.

Durant la semaine écoulée, ils avaient eux-mêmes créé un climat électrique en s'accusant à longueur de meetings de toutes les épreuves qu'a connues le pays en une décennie, et en se traitant mutuellement de "putschiste".

Naguère rare exemple de stabilité en Afrique de l'Ouest, le premier producteur mondial de cacao a plongé dans la tourmente après le coup d'Etat de 1999 et la crise de 2002, et le prochain président aura d'abord à recoller les deux Côte d'Ivoire.

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