Les Libyens appelés à s'unir face à l'EI, vote à l'ONU

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Tripoli (AFP)

Le chef du fragile gouvernement d'union nationale en Libye, Fayez al-Sarraj, a appelé mardi ses concitoyens à soutenir l'offensive pour reprendre Syrte au groupe jihadiste Etat islamique (EI), à laquelle refusent de participer les autorités contrôlant l'est du pays.

M. Sarraj est soutenu avec force par l'ONU, dont le Conseil de sécurité a voté à l'unanimité une résolution autorisant l'opération navale européenne au large de la Libye à contrôler l'embargo sur les armes imposé depuis 2011, afin d'aider le gouvernement d'union libyen dans sa lutte contre les jihadistes.

"Nous saluons les victoires remportées par nos fils dans la bataille pour la libération de Syrte.Elles méritent d'être l'exemple d'un projet national" autour duquel les Libyens doivent "s'unir", a dit le chef du gouvernement d'union (GNA) dans une allocution télévisée. 

Installé depuis le 30 mars à Tripoli, M. Sarraj a vu sa position renforcée par les succès de l'offensive lancée le 12 mai par les forces loyalistes qui ont repris de nombreux secteurs à l'EI dont le port et l'aéroport international de Syrte, son fief en Libye situé à 450 km à l'est de Tripoli.

Les forces pro-GNA ont avancé dans Syrte mais se heurtent à la résistance de l'EI."Nos forces ont repoussé une nouvelle attaque de l'EI qui tentait de reprendre le contrôle du port", a déclaré à l'AFP Reda Issa, porte-parole des forces gouvernementales.

Deux membres des forces du GNA ont été tués et 14 blessés dans la journée dans les combats, selon une source médicale.

- Où va le général Haftar?-

Soutenues dans leur opération par l'aviation et l'artillerie lourde, les troupes du GNA se trouvent désormais aux entrées de cette zone de 5 km2 qu'elles assiègent et qui s'étend du centre de la ville côtière jusqu'à la mer, au nord.

Pour M. Sarraj, le défi est de transformer les succès militaires des derniers jours en victoire politique.Son objectif déclaré est de faire du GNA le seul gouvernement d'une Libye unie, comme le souhaitent aussi l'ONU et la communauté internationale.

Mais il se heurte jusqu'à présent au refus des autorités basées dans l'est du pays et contrôlant la Cyrénaïque, l'une des deux grandes régions peuplées du pays, de reconnaître sa légitimité et de lui céder le pouvoir.

Ces autorités considèrent les forces pro-GNA comme des "hors-la-loi".

"Nous suivons de près les combats à Syrte (...) mais chaque chose en son temps", a déclaré à l'AFP le colonel Ahmad al-Mesmari, un porte-parole des forces fidèles au général Khalifa Haftar, qui revendique détenir l'autorité militaire dans l'est.

Ces forces combattent depuis deux ans des groupes islamistes -dont l'EI- présents à Benghazi, la deuxième ville du pays, située à 1.000 km à l'est de Tripoli, et dans sa région.

"La nouvelle donne n'est pas favorable à Khalifa Haftar", surtout si "les forces fidèles au GNA, son principal rival, réussissent à libérer Syrte de l'EI", souligne Mohamed Eljarh, expert libyen au Centre Rafic Hariri pour le Moyen-Orient. 

- Vote à l'ONU -

Les forces pro-GNA sont placées sous un commandement conjoint basé à Misrata, à 200 km à l'ouest de Tripoli.Elles sont composées de milices issues des villes de l'ouest qui s'étaient illustrées durant la révolte ayant conduit à la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

L'offensive sur Syrte est également menée par des unités venant de régions situées plus à l'est, comme les Gardes des installations pétrolières.

Elle a fait plus de 140 morts parmi les forces pro-GNA et plus de 500 blessés, selon des sources médicales.

Le bilan des pertes dans les rangs jihadistes n'est pas connu mais est probablement très élevé.L'EI aurait quelque 5.000 combattants en Libye, dont de nombreux étrangers venus d'autres pays africains ou du Moyen-Orient, selon des responsables américains.La grande majorité d'entre eux seraient à Syrte, la seule grande ville contrôlée dans le pays par l'EI.

A New York, le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé l'opération navale européenne au large de la Libye à faire respecter l'embargo sur les armes, pour empêcher entre autres que des armes aillent aux forces rivales ou aux groupes extrémistes comme l'EI.

La résolution, qui élargit le mandat de l'opération Sophia à la demande de l'Union européenne, a été adoptée à l'unanimité des 15 membres du Conseil.

La plupart des armes entrant en Libye ne vont pas au gouvernement légitime mais à son rival ou à divers groupes armés et milices.

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