Partagés entre soulagement et tristesse, plusieurs centaines de travailleurs étrangers ont quitté Tripoli à bord d'un bateau affrété par l'Organisation internationale pour les migrations, laissant derrière eux une ville ravagée mais aussi une grande partie de leur vie.
Des enfants jouent sur le pont en bois du bateau.Leurs parents, entassent tant bien que mal leurs paquets sur le pont du navire qui doit les emmener à Benghazi (est) où ils espèrent retrouver un semblant de paix.Certains poursuivront leur voyage vers Le Caire pour rejoindre leurs pays respectifs.D'autres prévoient juste de "petites vacances" à Benghazi, avant de pouvoir rentrer chez eux, à Tripoli.
Pour Arjan, 9 ans, dont la mère travaillait à l'hôpital général de Tripoli pas de doute, la destination finale c'est les Philippines: "Je suis content de rentrer chez moi, aux Philippines.J'avais peur de tous ces boum-boum".
Attendu depuis deux jours, le bateau turc a enfin pu accoster jeudi à Tripoli et lever l'ancre dans la nuit.Il rapatrie quelque 250 travailleurs étrangers et leurs familles (Philippins, Egyptiens, Canadiens, Algériens et Marocains) et doit atteindre Benghazi samedi.
Lors de l'embarquement et des contrôles de passeports, les passagers sont tous soulagés de fuir la capitale et les violents affrontements qui s'y déroulent depuis l'arrivée des rebelles samedi.Mais la tristesse s'y mêle aussi.Pour d'autres, pas de regret, juste de la joie.
Un ouvrier du bâtiment, Ramil Nyala, 45 ans se plaint d'avoir dû quitter la Libye, les mains vides."J'étais payé 600-800 dollars par mois, c'est beaucoup.Mais je n'ai plus de travail depuis quatre mois et j'ai dû débourser 350 dollars par mois pour ma location, toutes mes économies se sont envolées", se lamente-t-il.
"Tous les magasins sont fermés depuis plusieurs jours.En plus on ne pouvait plus dormir la nuit à cause des tirs, je suis content de rentrer", ajoute-t-il.
Le docteur Youssef Biuk s'occupe de la santé des passagers et distribue à chacun d'eux une pilule contre les nausées.Car la traversée sera longue, 36 heures et non pas 20 heures comme normalement pour un trajet Tripoli-Benghazi.
Dans ce bateau, équipé de seulement quatre cabines et plus habitué à naviguer sur des fleuves qu'en mer, les passagers auront peu de chances de s'allonger.
"Comme deux docteurs sont prévus à bord, je vais peut-être rester ici pour soigner les blessés à l'hôpital.J'ai des amis, des proches ici," a ajouté M. Biuk.
"Je ne suis pas triste de partir parce que je vais revenir", assure un technicien William Doctor."J'ai un visa d'entrée et de sortie.Je serais de retour en novembre.Ce sont juste des petites vacances", précise-t-il dans un grand sourire.
Julie, dont le mari travaille comme coordinateur de production est nostalgique: elle a vécu presque la moitié de sa vie ici, depuis 1982.
"J'aime la vie ici, le climat, l'argent.Le niveau de vie est plus élevé qu'aux Philippines.Ici nous avons de l'argent.Nos enfants sont nés et ont étudié ici.Ils parlent arabe et veulent déjà revenir", explique-t-elle.
"Ce premier voyage c'est pour montrer qu'on existe, qu'on est là.Il y aura d'autres bateaux, plus grands, qui vont venir dans les deux prochains jours avec des capacités de 1.000 personnes chacun", a expliqué le responsable du bureau de l'OIM à Benghazi Martin Jerrett.
Il a dit "être inquiet pour les travailleurs venant de l'Afrique sud-saharienne car ils sont souvent assimilés à des mercenaires (et des partisans de Mouammar Kadhafi).Ils ont donc très peur et sont peu enclins à partir".
"Nous avons au moins 100.000 Egyptiens dans l'ouest de la Libye et ils ont tous dit qu'ils voulaient partir . Je pense que nombre d'entre eux risquent de changer d'avis, mais il est encore trop tôt pour dire combien", a indiqué pour sa part le consul égyptien Mohammed Zeid.
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