Les Libyens se sont peu mobilisés jeudi pour élire une soixantaine de représentants composant l'Assemblée qui a pour mission de rédiger une Constitution pour le pays, lors d'un scrutin émaillé d'incidents dans l'est et le sud du pays.
Selon les derniers chiffres de la commission électorale, à 17H30 (15H30 GMT), soit une heure et demi avant la fermeture des bureaux de vote, le taux de participation s'établissait autour de 37%, contre 18% à midi.
Les bureaux de vote ont fermé à 19H00 (17H00 GMT) comme prévu et les bulletins de vote commençaient à être dépouillés, comme l'a constaté un journaliste de l'AFP dans une école à Tajoura, dans la banlieue est de Tripoli.
Selon le chef de ce bureau, "l'opération devrait durer entre une et deux heures", en présence de représentants des candidats, et les chiffres seront ensuite transmis à la Commission électorale.
Les résultats ne seront toutefois annoncés que dans "trois à quatre jours", selon une source à la Commission.
Cette dernière a exprimé son "entière satisfaction quant au déroulement de l'opération électorale" malgré les incidents.
Dans l'est du pays, des bureaux de vote ont été attaqués dans la nuit à Derna, fief de groupes extrémistes, faisant un mort.
A la mi-journée, des hommes armés ont contraint un autre bureau de fermer sous la menace des armes, selon des sources locales.
Après plusieurs incidents qui ont contraint des bureaux à la fermeture, à Derna mais aussi dans le sud du pays, 95% des bureaux de vote --ouverts de 08H00 (06H00 GMT) à 19H00 (17H00 GMT)-- étaient opérationnels à 17H30, contre 97% à midi, selon la Commission électorale.
- Moins enthousiastes -
Contrairement aux premières élections libres du pays en juillet 2012, les Libyens sont beaucoup moins enthousiastes.Seuls 1,1 million d'électeurs se sont inscrits pour ce scrutin, soit moins de la moitié qu'en 2012 et moins d'un tiers du total des électeurs potentiels.
Les Libyens sont déçus des réalisations du Congrès général national (CGN), la plus haute autorité politique et législative issue des élections de 2012, qui a échoué à rétablir l'ordre dans un pays en proie à l'anarchie.
Une campagne électorale plutôt terne dans un pays qui reste très instable et en proie à l'insécurité, n'a pas mobilisé les Libyens, dont certains s'interrogent déjà sur la crédibilité de la Constituante au vu du faible taux de participation.
"Nous avons pris une décision au sein de la famille.Personne ne participera à aucune élection sous l'autorité de ce Congrès.Nous boycottons", a indiqué Ahmed, un père de famille de 64 ans.
La Commission électorale a dû repousser à plusieurs reprises le délai d'inscription pour pouvoir dépasser le cap symbolique d'un million d'inscrits.
Le scrutin n'a, à priori, pas d'enjeux politiques.Officiellement, les partis politiques n'y participent pas et seules les candidatures individuelles ont été acceptées.
Au total, 692 candidats sont inscrits pour ces élections, dont 73 femmes, selon la Commission électorale.
- Les Amazighs boycottent -
Jeudi, le chef de la mission de l'ONU en Libye (Unsmil), Tarek Metri a exhorté dans un communiqué les Libyens à "ne pas sous-estimer l'importance de ces élections" qui leur "offrent l'occasion de faire entendre leurs voix".
La Constitution qui devra être approuvée par référendum doit trancher sur des questions importantes comme la structure du pouvoir, le statut des minorités et la place de la loi islamique, la charia.
Sur les 60 sièges de la future Constituante, six sont réservés aux minorités (Toubou, Amazigh et Touareg), et six autres aux femmes.
Mais les Amazighs boycottent le scrutin pour protester contre l'absence de mécanisme garantissant leurs droits culturels dans la future Constitution.
Dénonçant leur "exclusion", le Conseil supérieur des Amazighs de la Libye a décrété jeudi "journée noire et de deuil dans les régions" amazighes, en particulier dans l'ouest du pays.
La minorité des Toubous a été à l'origine jeudi d'incidents dans ses fiefs de Koufra et Murzouk (sud), provoquant la fermeture de plusieurs bureaux de vote.
Le CGN, très critiqué, est accusé d'avoir relégué au second plan sa mission de conduire le pays vers les élections générales et d'avoir retardé ainsi les échéances prévues pour la transition.
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