Libye: l'armée promet la fermeté pour défendre les autorités face aux milices

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Benghazi (Libye) (AFP)

Les forces du gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale ont promis mercredi une riposte "ferme" à toute agression visant l'Etat, au lendemain d'une tentative d'assassinat contre le Premier ministre qui illustre pourtant une nouvelle fois l'impuissance des autorités face aux milices.

La Libye a sombré dans le chaos après la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.Les milices font la loi sur le terrain alors que deux autorités, avec chacune un Parlement et un gouvernement, se disputent le pouvoir.

Le Premier ministre reconnu par la communauté internationale Abdallah al-Theni a échappé mardi soir à une tentative d'assassinat à Tobrouk, dans l'est du pays où son gouvernement, tout comme le Parlement, est installé depuis que la coalition des milices Fajr Libya s'est emparée de la capitale Tripoli en août dernier.

"Des hommes armés ont ouvert le feu sur la voiture du Premier ministre au moment où il quittait un endroit où se tenait une séance du Parlement", a expliqué le porte-parole du gouvernement.Il "est sorti indemne mais un de ses gardes du corps a été blessé dans la fusillade", a-t-il ajouté, affirmant: "c'était une tentative d'assassinat".

Dans un communiqué diffusé mercredi,les forces de l'armée nationale et les services de sécurité ont affirmé "leur soutien au gouvernement légal" et se sont engagés "à le protéger face à tous les obstacles et agressions qui entravent son travail".

"Toute agression contre les sièges du gouvernement et des institutions souveraines de l'Etat sera suivie d'une riposte de l'Etat qui agira avec force et fermeté en utilisant ses outils officiels et légaux", ont-ils mis en garde.

L'ONU tente depuis des mois de trouver un compromis pour mettre fin au conflit entre les différentes forces libyennes et parvenir à former un gouvernement d'union nationale.

Mais les discussions n'avancent guère entre les représentants des instances reconnues par la communauté internationale d'un côté, et le Parlement et le gouvernement proches de Fajr Libya, qui se trouvent à Tripoli.

 

- 'Le temps est compté' -

 

La tentative d'assassinat de M. Theni, au c�?ur d'un secteur contrôlé par ses forces, "illustre clairement le fait que les deux gouvernements de Libye, qui ne disposent pas d'un véritable budget, sont confrontés à des défis sécuritaires complexes et des demandes de la population qu'ils sont incapables de réaliser", souligne le militant politique et ex-député Othmane Ben Sassi.

Depuis lundi, une centaine de représentants de tribus de Libye, essentiellement proches du gouvernement de Tobrouk, sont réunis au Caire pour discuter des moyens de pacifier ce pays.Mais en l'absence des tribus de l'ouest et des régions proches de Tripoli --en raison de "la pression de Fajr Libya" selon un participant de l'est du pays-- il y a aussi peu de chance qu'une percée soit réalisée.

Or, le temps est "compté" pour parvenir à une solution politique, a mis en garde mercredi le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, en rappelant qu'en octobre expirerait le mandat des dirigeants actuels.

Faute d'accord politique, "les groupes terroristes finiront par créer un abcès de fixation", a-t-il averti.

Profitant de l'instabilité, le groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui s'est emparé de vastes territoires en Syrie et en Irak, a en effet pris pied l'an dernier en Libye, où il contrôle notamment des zones dans la région de Syrte, à l'est de Tripoli.

Face aux violences et à l'impuissance des autorités, "la population est mécontente", souligne M. Ben Sassi, et perd patience.

"Tout est à l'arrêt dans le pays, l'économie, le bâtiment, la vente, l'achat, sauf pour la guerre et la corruption", s'élève ainsi Ihab, qui tient une boutique à Tripoli.

L'ONG anticorruption Transparency International (TI) classe la Libye 166e sur 175 pays dans son indice de perception de la corruption (IPC).

Selon un responsable de la Banque centrale, qui joue actuellement le rôle principal dans la gestion des finances du pays, "une bonne partie des décisions prises à Tripoli ou à Tobrouk n'ont aucune incidence", et si les violences se poursuivent et la production de pétrole ne reprend pas au moins à 50%, le pire est à craindre pour le pays.

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