L'ex-Premier ministre libyen Ali Zeidan a dénoncé jeudi soir la "falsification" d'un vote de défiance mardi au Parlement, ayant conduit à son limogeage, et rejeté les accusations de corruption, dans une déclaration à France24.
"La décision du Congrès est illégale (...).Il y a eu une falsification et une manoeuvre", a déclaré M. Zeidan au téléphone, expliquant que seulement 113 députés ont voté en faveur de son limogeage, bien en deçà des 120 voix nécessaires pour lui retirer la confiance.
Le Congrès général national (CGN, Parlement), la plus haute autorité politique et législative du pays avait annoncé mardi le limogeage de M. Zeidan avec 124 voix.
L'ex-Premier ministre a accusé deux blocs politiques d'être derrière son éviction lors de cet énième vote de défiance: le Parti pour la Justice et la construction, issu des Frères musulman, et le bloc Wafa, plus radical.
Il a rejeté par ailleurs des accusations de corruption, affirmant qu'il n'avait pas fui le pays et qu'il l'avait quitté bien avant le vote au Congrès.
"Je n'ai pas besoin de me défendre (...) Je défie quiconque de prouver toute trace de corruption dans le parcours de mon gouvernement", a-t-il lancé dans sa première réaction depuis son limogeage.
L'ex-premier ministre n'a pas précisé dans quel pays il séjournait actuellement, mais il serait en Allemagne où réside sa famille.
Peu après le vote du Congrès, le procureur général libyen avait émis une interdiction de voyager à M. Zeidan, dans le cadre d'une affaire de corruption.
Le Premier ministre maltais Joseph Muscat avait déclaré mercredi à la presse qu'un avion privé transportant l'ancien responsable libyen avait fait escale à Malte mardi soir avant de repartir "vers un autre pays européen".
M. Zeidan a ajouté qu'il retournerait en Libye, mais sans fixer de date.
"Je retournerai en Libye, mais je ne reviendrai pas au gouvernement dans cette situation, avec ce Congrès effiloché devenu la risée du monde", a-t-il dit.
Depuis l'entrée en fonction de M. Zeidan en novembre 2012, son gouvernement et le Congrès s'accusent mutuellement des difficultés.
Mais si le gouvernement est pointé du doigt, le CGN fait également face de son côté à la grogne de la population.
En effet, sa décision unilatérale fin décembre de prolonger de 10 mois son mandat, jusqu'au 24 décembre 2014, a provoqué la grogne d'une grande partie de la population et de la classe politique, qui réclament désormais sa dissolution.
Peu après l'éviction de M. Zeidan, le ministre de la Défense Abdallah al-Theni a été chargé par le CGN d'assurer l'intérim jusqu'à la nomination d'un nouveau chef du gouvernement, dans un délai de deux semaines.
Depuis la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi en 2011, après une rébellion de huit mois, la Libye est confrontée à une forte instabilité politique, à des tendances séparatistes et à des violences incontrôlées dans un contexte de prolifération des armes et des milices qui empêchent tout essor économique.
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