Libye: le Premier ministre enlevé quelques heures par des ex-rebelles

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Tripoli (AFP)

Le Premier ministre libyen Ali Zeidan a été enlevé jeudi pendant quelques heures par un groupe d'ex-rebelles affirmant agir sur ordre du parquet, dans un pays en proie à une insécurité et une instabilité croissantes depuis la chute de Mouammar Kadhafi.

"Le chef du gouvernement de transition, Ali Zeidan, a été conduit vers une destination inconnue pour des raisons inconnues par un groupe" d'hommes qui seraient des ex-rebelles, a indiqué le gouvernement, dont un des membres, le ministre des Affaires étrangères, a annoncé quelques heures plus tard sa libération.

La Cellule des opérations des révolutionnaires de Libye, dépendant officieusement des ministères de l'Intérieur et de la Défense, a revendiqué cet enlèvement, affirmant avoir "arrêté" le Premier ministre "sur ordre du parquet général".

M. Zeidan a été arrêté conformément aux articles relatifs aux "crimes et délits préjudiciables à l'Etat" et aux "crimes et délits préjudiciables à la sûreté" de l'Etat, a précisé cette cellule.

Il a été enlevé à l'hôtel Corinthia où il réside, a précisé une source du bureau du Premier ministre sans autre précision.

"Un grand nombre d'hommes armés sont entrés dans les lieux très tôt jeudi.Mais nous n'avons rien compris à ce qui se passait", a indiqué à l'AFP un employé de l'hôtel.

  

"Acte criminel"

Le gouvernement libyen a qualifié d'"acte criminel" cet enlèvement et affirmé qu'il ne "cèderait pas au chantage".

"Le gouvernement ne cèdera au chantage de quiconque", a déclaré le vice-Premier ministre al-Seddik Abdelkarim qui lisait un communiqué, peu avant l'annonce de la libération de M. Zeidan par le chef de la diplomatie Mohamed Abdelaziz.

"Il (M.Zeidan) est libéré.Mais nous ne disposons pas encore de détails sur les circonstances de sa libération", a indiqué M. Abdelaziz à l'AFP.

De son côté, le porte-parole du gouvernement, Mohamed Kaabar, a confirmé la libération du Premier ministre.

Cité par l'agence libyenne Lana, il a indiqué toutefois que M. Zeidan "a été libéré, et non pas relâché" par ses ravisseurs, laissant entendre qu'une opération avait eu lieu.

M. Kaabar a assuré que M. Zeidan était "en bonne santé".

Le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen et le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague avaient auparavant appelé à "la libération immédiate" de M. Zeidan. 

"Notre ambassadeur est en contact avec d'autres membres du gouvernement de transition.Sauvegarder le processus de transition politique en Libye est vital", a ajouté M. Hague.

"J'espère que ce problème (son enlèvement, ndlr) sera réglé avec raison et sagesse", en évitant "l'escalade", a déclaré M. Zeidan dans une allocution retransmise à la télévision, au sortir d'une réunion avec son gouvernement et des membres de l'Assemblée nationale libyenne.

Le Premier ministre s'adressant aux expatriés vivant en Libye, a également tenu à "rassurer les étrangers", qui "ne sont pas visés" selon lui.

Ce bref enlèvement est intervenu cinq jours après la capture à Tripoli d'Abou Anas al-Libi,un chef présumé d'Al-Qaïda, par un commando américain.

Cette opération avait provoqué la colère de groupes d'ex-rebelles et de partis politiques et mis dans l'embarras le gouvernement libyen qui l'avait qualifiée d'"enlèvement" et affirmé ne pas en avoir été informé.Les autorités libyennes avaient enjoint mardi les Etats-Unis de lui remettre immédiatement Abou Anas al-Libi.

Au lendemain de l'opération, la Cellule des opérations des révolutionnaires de Libye avait annoncé dans un communiqué un "état d'alerte maximum face (...) aux atteintes à la souveraineté du pays de la part des renseignements étrangers".

Le groupe a démenti toutefois jeudi tout lien entre l'"arrestation" de M. Zeidan et la capture d'Abou Anas, comme l'ont rapporté certains médias. 

Présenté comme un libéral, M. Zeidan, 63 ans, occupe le poste du Premier ministre depuis un an.Tout récemment, ses rivalités avec les Frères musulmans libyens ont éclaté au grand jour et des voix à l'Assemblée nationale ont appelé à son limogeage. 

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, les autorités de transition peinent à contrôler les groupes d'ex-rebelles ayant combattu l'ancien régime.

Réunis en milices armées, ces ex-rebelles, dominés par les islamistes, comblent le vide en matière de sécurité laissé par un �?tat en déliquescence.

Les autorités ont échoué jusqu'ici à former une police et une armée professionnelles et ont même donné la légitimité à plusieurs de ces milices, leur confiant des tâches relatives à la sécurité.

Ainsi tout récemment, le Congrès général national (CGN), la plus haute autorité du pays, a chargé la Cellule des opérations des révolutionnaires de Libye de se déployer à Tripoli pour sécuriser la capitale, face à une hausse de la criminalité.

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