Libye: le procès de proches de Kadhafi, dont son fils Seif, ajourné

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Tripoli (AFP)

Le procès de 37 proches de Mouammar Kadhafi, jugés pour leur rôle dans la répression meurtrière de la révolte de 2011, s'est ouvert lundi avant d'être ajourné au 27 avril, en raison de l'absence de plusieurs accusés, dont le fils de l'ex-dirigeant, Seif al-Islam.

Sur les 37 accusés, seuls 23 se sont présentés devant la Cour pénale de Tripoli, protégée par des mesures de sécurité exceptionnelles.

Seif al-Islam, détenu par des ex-rebelles à Zenten (170 km au sud-ouest de Tripoli) depuis son arrestation en novembre 2011, n'a pas comparu, les autorités judiciaires estimant que les conditions de sécurité ne permettent pas son transfert dans la capitale libyenne.

Mais le tribunal a décidé lundi de permettre sa comparution par vidéoconférence, de même que celle d'autres accusés détenus à Misrata (200 km à l'est de Tripoli), comme Mansour Daw, ancien chef de la sécurité intérieure.

Abdallah al-Senoussi, l'ex-chef des renseignements de Mouammar Kadhafi, et son dernier Premier ministre, Baghdadi al-Mahmoudi, étaient en revanche dans le box des accusés, aux côtés de 21 autres anciens responsables, tous vêtus de la tenue bleue des prisonniers.

Au bout de 40 minutes, la cour a décidé d'ajourner le procès au 27 avril à la demande du parquet et des avocats, notamment pour la mise en place de la liaison par satellite avec les accusés. 

Le 24 mars, la cour avait reporté l'ouverture du procès à ce lundi en raison, déjà, de l'absence de plusieurs accusés.

L'ajournement permettra aussi aux avocats de prendre connaissance du dossier, a ajouté la cour.

Des avocats ont en effet affirmé ne pas avoir eu accès au dossier, ce que le parquet a réfuté, affirmant leur avoir uniquement interdit de faire des copies.

 

- 'Traitement spécial' -

 

Alors que le tribunal demandait aux accusés s'ils avaient des demandes, Abdallah al-Senoussi, visiblement affaibli, a "réclamé à la cour de mettre fin à son traitement spécial".

"Je souhaite que ce traitement prenne fin, afin de pouvoir recevoir la visite de ma famille comme les autres prisonniers", a-t-il dit, sans donner d'autres détails.

Baghdadi al-Mahmoudi a demandé de son côté que ses avocats puissent se rendre en prison et déploré que des membres de son équipe de défense n'aient pas pu accéder au tribunal.

Réagissant à ces demandes, le parquet a indiqué que M. Senoussi avait déjà reçu des membres de sa famille et affirmé n'avoir refusé aucune demande de visite.

Le représentant du parquet, al-Seddik al-Sour, a justifié par ailleurs le "traitement spécial" imposé à certains accusés par "la gravité des charges à leur encontre".

Une dizaine de chefs d'accusations ont été retenus contre les détenus, inculpés en octobre notamment pour assassinats, pillages et sabotages, actes portant atteinte à l'union nationale, complicité dans l'incitation au viol, enlèvement et dilapidation des deniers publics.

 

- HRW 'préoccupé' -

 

Saadi, un autre fils de Mouammar Kadhafi, extradé début mars par le Niger où il avait trouvé refuge, devrait lui aussi être jugé dans le cadre de cette affaire.Mais il doit comparaître auparavant devant la chambre d'accusation.

Seif al-Islam, longtemps présenté comme successeur potentiel de son père, et M. Senoussi font l'objet de mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre présumés lors de la révolte.

Fin mai, la CPI avait débouté les autorités libyennes de leur demande de juger devant les tribunaux libyens Seif al-Islam en raison des doutes sur la capacité de Tripoli à lui garantir un procès juste et équitable.

La CPI a toutefois donné en octobre son feu vert à la Libye pour juger M. Senoussi.

Des organisations de défense des droits de l'Homme ont aussi exprimé des doutes quant au caractère équitable des procédures en Libye et accusent les milices de détenir des centaines de prisonniers en dehors de tout contrôle de l'Etat.

Lundi encore, Human Rights Watch a exprimé ses "préoccupations" concernant le procès des anciens dignitaires du régime kadhafiste, déplorant notamment "l'accès limité à des avocats et à des documents clés" de l'affaire.

"La Libye doit veiller à ce que les accusés bénéficient d'un procès équitable, en particulier en leur donnant accès à un avocat et suffisamment de temps pour préparer leur défense, ainsi que la possibilité de contester les preuves présentées contre eux", a indiqué l'organisation.

HRW a estimé par ailleurs que la Libye avait "l'obligation" de "remettre rapidement" Seif al-Islam à la CPI.

 

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