Libye: les rebelles contrôlent le principal poste-frontière avec la Tunisie

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TRIPOLI (AFP) - (AFP)

 Les rebelles ont pris vendredi le contrôle du principal poste-frontière avec la Tunisie, un nouveau succès majeur dans la bataille contre le régime de Mouammar Kadhafi dans l'Ouest libyen, au moment où des accrochages se déroulent toujours à Tripoli et sur le front Est.

Après plus de six mois de combats acharnés, les deux camps dans le conflit libyen étaient cependant accusés d'exactions: exécutions sommaires, tortures, tabassages...

Couronnement politique de leur longue lutte, les rebelles ont annoncé jeudi l'installation de leur gouvernement à Tripoli, même si l'ex-homme fort Mouammar Kadhafi reste introuvable et que des poches de résistance de ses partisans rendent la sécurité encore incertaine dans la capitale.

 A l'ouest de Tripoli, où des combats se déroulaient pour la maîtrise de la route stratégique reliant Tripoli à la Tunisie, les rebelles ont hissé leur drapeau au poste-frontière de Ras Jdir."Il n'y a pas eu de véritable clash, les loyalistes ont pris la poudre d'escampette", selon une source gouvernementale tunisienne.

Sur le plan diplomatique, le Conseil national de transition (CNT), l'organe politique de la rébellion, a reçu de nouveaux soutiens, mais l'Union africaine a refusé de reconnaître sa légitimité tandis que l'Algérie voisine a fait part de sa "stricte neutralité".

"Il y a encore des combats (...).Donc nous ne pouvons pas dire que (le CNT) est la force qui est légitime maintenant", a déclaré le président sud-africain Jacob Zuma, s'exprimant au nom de l'UA après un mini-sommet à Addis Abeba.L'UA a appelé à un "gouvernement de transition incluant toutes les parties".

 La rébellion est entretemps à la recherche urgente de ressources financières pour assurer la survie de son administration au lendemain de l'annonce par le Conseil de sécurité de l'ONU du déblocage de 1,5 milliard de dollars des avoirs gelés du régime pour aider à financer la reconstruction de la Libye.

Dans la capitale écrasée de chaleur, la situation semblait apaisée vendredi, après les combats, parfois intenses, depuis mardi.Quelques coups de feu ont résonné au loin, parfois une explosion, mais rien de comparable aux jours précédents.

Selon Abdel Nagib Mlegta, responsable des opérations militaires de la rébellion à Tripoli, l'insurrection contrôle "95%" de la capitale, où il ne reste que "quelques poches de résistance", autour de l'aéroport ainsi que dans les quartiers de Salaheddine et d'Abou Salim.

Mais Amnesty International a appelé à l'arrêt des tortures et mauvais traitements, pratiqués selon les témoignages recueillis sur le terrain tant du côté des rebelles que parmi les forces loyalistes.

 L'organisation a aussi fait état de l'exécution sommaire de "nombreux prisonniers" mardi et mercredi dans deux camps près de Tripoli utilisés par la brigade dirigée par l'un des fils du colonel Kadhafi, Khamis.

Et selon M. Mlegta, des gardes ont tué à la grenade plus de 150 prisonniers avant de s'enfuir de Bab al-Aziziya, le QG de Mouammar Kadhafi, lors de sa prise mardi par les rebelles.

Parallèlement, 17 patients ont été évacués d'un hôpital de Tripoli, où au moins 80 personnes sont décédées apparemment faute de soins parce que des pro-Kadhafi avaient pris l'établissement et tenu le personnel soignant à distance pendant six jours.

Mais dans le quartier d'Abou Salim, des cadavres de combattants pro-Kadhafi pourrissaient au soleil, dont plusieurs sont ligotés, tués par balle dans le dos.Des exécutions sommaires ont confirmé à mi-voix plusieurs rebelles gênés.

Et des journalistes de l'AFP ont assisté à des tabassages d'une violence extrême de partisans présumés du régime, qui n'ont dû leur survie, peut-être que temporaire, qu'à la présence des médias.

 Lors des premières prières du vendredi sans Kadhafi à Tripoli, les fidèles ont pourtant entendu les prêches des imams appelant au calme et à la clémence après plus de six mois de conflit lancé par un mouvement de contestation réprimé dans le sang, qui s'est transformé en guerre civile.

"La révolution libyenne est un miracle (...).Dieu a brisé nos chaînes", a déclaré Cheikh Wanis Mabrouk, un imam célèbre parmi les rebelles de l'Est pour ses diatribes contre le régime, lors de son premier prêche dans la capitale, tout en lançant un appel contre les tentations de vengeance, de pillage, de désobéissance, de luttes intestines ou de gloriole.

"Cette révolution a été celle de la liberté et de l'islam, alors il ne doit pas y avoir de revanche", a-t-il insisté devant un millier de fidèles.

 Entretemps, sur le front Est, les pro-Kadhafi, qui avaient reculé de plus d'une centaine de km il y a quelques jours, résistent encore à Ben Jawad, à 140 km à l'est de la ville de Syrte, bombardant les rebelles lancés sur leurs talons mais bloqués à Ras Lanouf, à une vingtaine de kilomètres plus à l'est.

Les forces britanniques, sous l'égide de l'Otan, ont bombardé avant l'aube "un important bunker-quartier général" à Syrte, à 360 km à l'est de Tripoli, dans la région natale de Mouammar Kadhafi où les rebelles soupçonnent qu'il puisse se cacher.

L'Otan a aussi annoncé avoir détruit 29 véhicules militaires près de Syrte.La ville "a toujours été un bastion du régime, et maintenant ce qu'il reste de ce régime l'utilise pour lancer des attaques", a dit un responsable de l'Alliance atlantique, prévenant que les derniers pro-Kadhafi étaient "prêts à tout".

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