Des avions britanniques ont bombardé un QG de Mouammar Kadhafi à Syrte, sa région d'origine, la capture de l'ex-homme fort libyen restant vendredi l'objectif majeur des rebelles après l'annonce hautement symbolique de l'installation de leur gouvernement à Tripoli.
Outre la découverte du leader honni, qui se manifeste régulièrement via des messages audio -le dernier remontant à jeudi-, les rebelles sont également à la recherche d'aides financières.
Mahmoud Jibril, le chef du "bureau exécutif" du Conseil national de transition (CNT), l'organe politique de la rébellion, a indiqué vendredi à Istanbul que la survie de la nouvelle administration libyenne dépendait du déblocage des avoirs libyens gelés.
"Il y aura d'importantes attentes de la nouvelle administration qui sera mise sur pied après la chute du régime (...) et pour son succès le déblocage des fonds gelés est essentiel", a-t-il dit.
Ces déclarations interviennent au lendemain de la décision du Conseil de sécurité de l'ONU de débloquer 1,5 milliard de dollars d'avoirs libyens gelés pour financer une aide d'urgence à la reconstruction du pays..
Couronnement politique de plus de six mois de combats acharnés, les rebelles ont annoncé jeudi soir l'installation de leur gouvernement à Tripoli même si les combats se poursuivent contre des poches de résistance des pro-Kadhafi.Les rebelles sont entrés à Tripoli depuis près d'une semaine (samedi).
Le "gouvernement" des rebelles, le "comité exécutif" du CNT, jusque là installé à Benghazi (est), a été transféré à Tripoli, a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi Ali Tahouni, son vice-président.
M. Tahouni a indiqué que le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, arriverait dans la capitale dès que la situation sur le plan de la sécurité le permettrait.
La France va rouvrir "rapidement" son ambassade à Tripoli, a déclaré vendredi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères
M. Tahouni a aussi promis que les rebelles allaient mettre la main sur Mouammar Kadhafi qui a dirigé le pays d'une main de fer pendant 42 ans.
"Nous sommes libres.Nous pouvons circuler dans nos ville.C'est lui qui est dans les égouts, se déplaçant d'égout en égout (...) Nous allons l'attraper et une fois que nous l'aurons nous vous dirons comment" nous l'avons eu, a-t-il ajouté en écho aux propos de Mouammar Kadhafi qui qualifie régulièrement les rebelles de "rats" depuis le début de l'insurrection.
Dans Tripoli, la chasse à Mouammar Kadhafi et ses fils galvanise les troupes mais les rebelles soupçonnent aussi le leader d'avoir trouvé refuge à Syrte, sa région natale où de nombreuses tribus lui sont fidèles.
Dans la nuit, la télévision d'Etat libyenne via sa page Facebook a annoncé que Syrte était bombardée.L'information a été confirmée vendredi par le ministre britannique de la Défense.
"Aux alentours de minuit (heure de Londres), une formation de Tornado venant de la base britannique de Marham dans le Norfolk (est de l'Angleterre) a tiré des missiles guidés de précision Storm Shadow contre un important bunker-quartier général dans la ville natale de Kadhafi à Syrte", a indiqué le ministère britannique de la Défense dans un communiqué.
L'Otan dans son communiqué quotidien indique avoir visé jeudi dans la région de Syrte 29 véhicules blindés et un centre de commandement et de contrôle.
Syrte, à 360 km à l'est de Tripoli, compte environ 120.000 habitants, et c'est aux alentours de ce grand port commercial et de pêche, qu'est né en juin 1942 Mouammar Kadhafi.
Soulignant que la "phase militaire est en train de se conclure en Libye", le président de la commission de l'Union africaine Jean Ping a souhaité que l'UA favorise "une transition inclusive et consensuelle".
A Tripoli, à la mi-journée, la situation était très calme et aucun bruit de tir n'était entendu, selon un journaliste de l'AFP.
Dans le sud de la ville, à l'entrée du quartier d'Abou Salim, conquis par les rebelles jeudi à l'issue de 48 heures de combats acharnés, les insurgés arrachaient les drapeaux du régime pour les remplacer par le drapeau aux couleurs de la rébellion.
Dans l'Ouest, la dernière grande bataille qui s'annonce est celle de Zouara, où il s'agit de briser l'encerclement par les loyalistes de la ville située sur la route stratégique reliant Tripoli à la Tunisie.
Pour l'heure, Zouara reste à portée des roquettes et obus de mortier des hommes du régime positionnés à l'ouest à Zelten (à 30 km), au sud-ouest à Ragdaline (à 15 km), au sud à Al-Jamil (à 10 km) et au sud-est à Al-Ajilat (à 25 km) d'où ils ont bombardé la ville à plusieurs reprises.La route côtière en direction de Sobratah n'est de son côté toujours pas sécurisée.
Dans l'extrême sud-saharien, les rebelles libyens ont annoncé avoir pris le contrôle de la localité d'Al-Wyg, "stratégique, notamment car elle abrite une piste d'atterrissage", selon une source rebelle.
Sur le plan humanitaire, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Genève a indiqué vendredi qu'un premier groupe de 263 migrants a été évacué jeudi avec succès de Tripoli vers Benghazi, et qu'un deuxième bateau d'évacuation des migrants était attendu à Tripoli.
Amnesty International a appelé à l'arrêt des tortures et mauvais traitements en Libye, pratiqués selon les témoignages recueillis sur le terrain tant du côté des rebelles que parmi les forces loyales au régime du dirigeant en fuite Mouammar Kadhafi.
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