Des combats faisaient rage mardi à Tripoli où l'influent fils du colonel Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam, a fait une apparition, défiant les rebelles qui l'avaient donné pour capturé et affirmé que l'ère du régime était terminée.
Si les insurgés sont entrés en masse depuis samedi dans la capitale libyenne et ont pris le contrôle de plusieurs quartiers, de la télévision d'Etat et de la place Verte, symbole du régime, l'euphorie des premières heures et l'espoir d'une chute éclair du pouvoir sont désormais retombés.
Tout comme lundi, de violents combats à la roquette et à l'artillerie lourde avaient lieu en fin de matinée autour du complexe résidentiel du colonel Kadhafi dans le quartier de Bab al-Aziziya à Tripoli, a constaté un journaliste de l'AFP.
Le complexe est situé non loin de l'hôtel Rixos où sont logés les journalistes étrangers.L'établissement a été secoué vers 09H00 GMT (11H00 locales) par une forte explosion à proximité, créant un mouvement de panique parmi les reporters, qui se sont réfugiés au sous-sol.
Des avions, vraisemblablement de l'Otan, survolaient la ville, où des affrontements entre rebelles et forces fidèles à M. Kadhafi se déroulaient dans d'autres quartiers non loin de l'hôtel.
Alors que le Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion, avait annoncé l'arrestation dimanche de Seif al-Islam, ce dernier a démenti dans la nuit par sa présence cette information. "Je suis là pour démentir les mensonges", a-t-il déclaré, tout sourire, à des journalistes emmenés à bord d'une voiture blindée à Bab Al-Aziziya.
"Tripoli est sous notre contrôle.Que tout le monde soit rassuré.Tout va bien à Tripoli", a indiqué le deuxième fils du dirigeant libyen, en faisant le V de la victoire et en soulignant que les forces loyalistes avaient fait subir de "lourdes pertes aux rebelles qui prenaient d'assaut" Bab Al-Aziziya.
Seif al-Islam, qui fut présenté comme le probable successeur de M. Kadhafi, est visé comme son père par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes contre l'humanité commis depuis le 15 février, date à laquelle a éclaté la rébellion qui s'est ensuite transformée en conflit armé.
Un porte-parole de la CPI a affirmé que la Cour n'avait "jamais" eu la confirmation de l'arrestation de Seif al-Islam par le CNT.Dans un premier temps, le procureur de la CPI avait affirmé avoir reçu "des informations confidentielles" sur son arrestation.
Un autre fils de Mouammar Kadhafi, Mohamed, dont la rébellion avait également annoncé la détention lundi, s'est échappé, a indiqué un haut responsable des rebelles à Benghazi, fief des insurgés dans l'est du pays.
On ignorait par ailleurs toujours où se trouve Mouammar Kadhafi, qui fidèle à sa réputation de pugnacité, défie les appels de la communauté internationale et des rebelles à se rendre.Selon une source diplomatique, il se trouverait toujours à Bab Al-Aziziya.
L'ancien président croate, Stipe Mesic, proche de Mouammar Kadhafi, a assuré que le dirigeant libyen lui avait dit la semaine dernière dans un "message verbal personnel" qu'il était prêt à se retirer "complètement" de la vie politique si les frappes de l'Otan cessaient.
Le président américain Barack Obama a exhorté Mouammar Kadhafi à annoncer "expressément" son départ après 42 ans au pouvoir."Le régime Kadhafi touche à sa fin.L'avenir de la Libye est entre les mains de son peuple", a-t-il ajouté.
Autre son de cloche en Chine où, la presse d'Etat a estimé qu'il était de la responsabilité de l'Occident de "nettoyer le désordre qu'il a mis" en Libye.
Avec l'ouverture d'une période d'incertitudes dans ce riche pays pétrolier, le patron de l'ONU Ban Ki-moon a convoqué un sommet sur la Libye cette semaine, le Groupe de contact se réunira jeudi à Istanbul et un sommet du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine est prévu vendredi à Addis Abeba.
Reconnaissant que la victoire des insurgés "n'est pas complète" le chef de la diplomatie française Alain Juppé a affirmé qu'il fallait "que l'Otan soit toujours en alerte pour aller au bout de cette opération".
Les rebelles ont lancé la bataille de Tripoli, appuyés par des combattants arrivés par la mer de l'enclave de Misrata, à 214 km plus à l'est, et des combattants de l'Ouest, entrés dans la capitale pratiquement sans résistance de la part des pro-Kadhafi.
Ils attendent désormais le renfort de milliers d'autres combattants venus d'autres régions du pays et hésitent sur la manière d'avancer: rapidement à travers de grandes avenues exposés aux tirs des snipers, ou lentement à travers le labyrinthe de ruelles sans savoir qui les attend au tournant.
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