Madagascar: le président Rajaonarimanpianina menacé de destitution

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Antananarivo (AFP)

Très contesté dix-huit mois à peine après son élection, le président malgache Hery Rajaonarimampianina était menacé mardi soir d'un vote de destitution par les députés, une majorité d'entre eux l'accusant de non-respect de la Constitution, et plus généralement d'incompétence.

Après avoir débattu du sort du président dans la soirée, les débutés ont commencé à voter à 19H30 GMT la censure réclamée par les trois quarts d'entre eux.

Une "requête de mise en accusation pour déchéance" avait été déposée plus tôt par 115 députés sur 151 "issus de tous les groupements parlementaires au sein de l'Assemblée nationale", selon le rapporteur général de l'Assemblée Malement Liahosoa.

"Si les deux tiers des députés votent la mise en accusation du président pour le destituer, (...) alors la requête et le résultat du vote seront transmis à la HCC", la Haute Cour constitutionnelle, pour avoir la déclaration de déchéance, a exposé Christine Razanamahasoa, une député d'opposition proche de l'ex-homme fort du pays Andry Rajoelina.

L'actuel président se voit notamment reprocher le retard pris dans l'installation de la Haute Cour de justice, a-t-elle expliqué.

Un autre député du camp Rajoelina, Tinoka Roberto, a enfoncé le clou au micro d'une radio privée: "Il ne sait plus ce qu'il fait.Il est incompétent."

Alors que l'ambassade de France --ancienne puissance coloniale-- n'avait pas réagi mardi soir, celle des Etats-Unis a appelé les députés à la retenue, disant dans un communiqué "(soutenir) les efforts entrepris par le président Rajaonarimampianina et le gouvernement (malgache) afin d'émerger de la crise de 2009 et permettre à Madagascar d'atteindre tout son potentiel".

"Nous exhortons toutes les parties prenantes en position de leadership �??-dont les membres de l'Assemblée nationale (...)-�?? à placer en tant que leur première priorité le bien-être du peuple, et à garantir la stabilité nécessaire à l'avenir du pays", a-t-elle ajouté.

- Un précédent en 1996 - 

L'élection démocratique --la première depuis 2006-- d'Hery Rajaonarimampianina en décembre 2013 avait laissé croire que la Grande Ile sortirait enfin de la très grave crise politique et économique dans laquelle elle était plongée depuis le renversement du président Marc Ravalomanana par le maire d'Antanarivo Andry Rajoelina, en 2009.

Expert-comptable de formation, M. Rajaonarimampianina avait promis à la population une vie meilleure.Et il avait promis d'agir vite. 

Le président avait été élu avec le soutien de M. Rajoelina, battant le candidat de M. Ravalomanana, Robinson Jean-Louis.Mais il a rapidement pris ses distances avec son mentor.

S'il a su renouer avec les bailleurs de fonds étrangers qui avaient tourné le dos au pays après le coup de force de 2009, ses détracteurs et la société civile lui reprochent son inertie, ses tâtonnements et son inefficacité.

Il a mis deux mois et demi pour trouver un Premier ministre, limogé par la suite au bout de huit mois, et a dû louvoyer entre les uns et les autres, son propre parti étant resté un groupuscule ne disposant d'aucun député à l'Assemblée.

"Je suis désolé mais rien ne marche actuellement au pays.Il connaît peut être la comptabilité mais pas la gestion d'une nation.Il n'est entouré que par des amateurs.Et ces amateurs l'empêchent de se tourner vers sa famille politique", a tonné Tinoka Roberto. 

"Pour moi, s'il est incompétent, il vaut mieux qu'il quitte le pouvoir!"

Proche d'Andry Rajoelina, Christine Razanamahasoa a cité plusieurs cas de violation de la Constitution par le président, selon elle: non-respect de la séparation du pouvoir entre exécutif et législatif, non-respect du délai de promulgation des lois, ingérence dans les affaires de l'Assemblée nationale, obstacle à l'instauration d'une commission électorale indépendante, menace de dissolution de l'Assemblée nationale...

Le président Albert Zafy avait déjà été victime d'un vote de censure au Parlement malgache en juillet 1996.Sa destitution avait été confirmée par la Haute Cour constitutionnelle en septembre de la même année.

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