Le nouveau projet de Constitution à Madagascar, soumis mercredi à référendum, ne modifie pas fondamentalement la forme de l'Etat malgache mais vise à prévenir les "dérives dictatoriales", selon ses rédacteurs.
Le texte offre "balisage, limitation et rationalisation des pouvoirs afin d'éviter les dérives dictatoriales", expliquent les rédacteurs de la nouvelle Loi fondamentale, dans une analyse transmise à l'AFP.
Le régime est présenté comme semi-présidentiel et semi-parlementaire, notamment car le président nomme son Premier ministre sur proposition du "parti ou groupe de partis majoritaires à l'Assemblée nationale", ce qui n'était pas le cas jusqu'à présent.
L'âge minimum pour pouvoir être candidat à la présidence est abaissé de 40 à 35 ans, ce qui autorise désormais l'homme fort du pays, Andry Rajoelina, 36 ans, à se présenter au prochain scrutin présidentiel (même s'il s'est engagé à ne pas être candidat).
Un statut de "chef de l'opposition" est créé.L'opposition aura droit à un poste de vice-président de l'Assemblée nationale et à une présidence de Commission parlementaire.
De plus, "l'Etat de droit", et non plus seulement "la démocratie", devient le "fondement de la République" (article 1).Dans ce cadre, un Haut Conseil pour la défense de la démocratie et de l'Etat de droit est créé, notamment pour "observer le respect de l'éthique du pouvoir".
Un Haut Conseil de la Défense nationale est également mis en place, et les Forces armées se voient désormais confier la mission de "préserver la paix sociale".
Supprimées lors de la révision constitutionnelle de 2007, les six provinces sont réintroduites, et "dotées d'une personnalité morale, de l'autorité administrative et financière", avec une élection du chef de province au suffrage universel.
Une "Inspection générale de la justice" est crée pour "contrôler le respect des règles déontologiques particulières aux magistrats, ainsi que les agissements du personnel de la justice".Cette institution sera rattachée directement à la présidence, ce qui suscite de nombreuses critiques.
Par ailleurs, la laïcité de l'Etat, supprimée en 2007, est réintroduite, tandis que l'anglais perd son statut de langue officielle obtenue lors de la même révision.
Dans leur communication, les rédacteurs insistent beaucoup sur la volonté de "remettre sur pied une société malgache qui conserve son originalité, son authenticité, ses valeurs et fondamentaux traditionnels, tout en évoluant et en s'épanouissant dans la modernité du millénaire".
Ainsi, un Conseil du Fihampihavanana (réconciliation) est créé.Dans cette logique, la nouvelle devise nationale devient "Amour, Patrie, progrès", le mot amour remplaçant celui de liberté.
Les dates-clés de la crise politique à Madagascar depuis le début 2009:
---2009---
DECLENCHEMENT DE LA CRISE:
16/17 janvier: Andry Rajoelina, le maire d'Antananarivo, dénonce des atteintes aux libertés par le président Marc Ravalomanana et se présente comme le porte-parole de la contestation.En décembre 2008, le gouvernement avait fermé la chaîne de télévision du maire, à la suite de la diffusion d'une interview de l'ex-président Didier Ratsiraka, en exil en France depuis 2002.
DEUX SEMAINES DE VIOLENCES:
Entre le 26 janvier et le 7 février, des manifestations et confrontations entre les partisans du maire et la garde présidentielle font une centaine de morts.Rajoelina prend la tête d'une "Haute autorité de transition".
COUP DE FORCE DE RAJOELINA:
Lâché par l'armée, Ravalomanana démissionne le 17 mars et Rajoelina se déclare "président" de transition.La communauté internationale dénonce un "coup d'Etat" et l'Union africaine (UA) suspend Madagascar.
ACCORD DE TRANSITION:
Le 7 novembre, les dirigeants politiques signent à Addis Abeba un accord sur le partage du pouvoir pendant la transition qui sera présidée par M. Rajoelina.
--2010--
SANCTIONS:
Le 17 mars, l'UA impose des sanctions à Rajoelina et à une centaine d'autres personnalités de son régime pour entrave au processus de sortie de crise.Le 7 juin, l'Union européenne (UE) suspend son aide au développement.
ACCORD A ANTANANARIVO
Le 13 août, le régime de M. Rajoelina et une centaine de partis politiques malgaches signent un nouvel accord de "sortie de crise", qui prévoit notamment la tenue d'une élection présidentielle en mai 2011.Les trois mouvances des ex-présidents rejettent cet accord.
TRANSITION:
Le 12 octobre une Assemblée nationale de transition est installée, au lendemain de la mise en place du Sénat, en vertu de l'accord du 13 août.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.