Joyce Banda, la nouvelle présidente du Malawi, aura fort à faire pour redresser l'économie au point mort de son pays et soulager une population qui souffre des pénuries chroniques de biens de première nécessité, comme le sucre ou l'essence.
Vice-présidente passée à l'opposition en 2010, arrivée au pouvoir samedi en raison du décès à 78 ans du chef de l'Etat Bingu wa Mutharika, Mme Banda suscite d'énormes attentes dans la population.
Les dernières années de Mutharika ont été marquées par la restriction des libertés publiques, par une crise économique majeure, la chute des recettes tirées de la culture du tabac, la pénurie de devises étrangères, et surtout par le gel de l'aide internationale --notamment américaine et britannique-- en 2011, en raison des dérives autoritaires du régime.
Pour se convaincre des défis qui l'attendent, Mme Banda, 61 ans, n'a qu'à faire un tour dans un supermarché du centre-ville de Lilongwe, la capitale.
Par les temps qui courent, il n'est pas rare de faire quatre heures de queue pour acheter du sucre, comme Moses Tstate, 32 ans: "Je suis ici depuis six heures du matin.On manque de sucre au Malawi, cela fait bientôt un mois que ça dure", dit-il à l'AFP.
"C'est tellement frustrant, car c'est produit au Malawi mais on n'en trouve nulle part", ajoute-t-il.
Dans les stations-service, les files d'attente sont également quotidiennes et alimentent la frustration des habitants d'ordinaire pacifiques de ce petit pays pauvre d'Afrique australe, théâtre en juillet 2011 de manifestations qui ont tourné à l'émeute.Dix-neuf personnes avaient été tuées par la police.
-essence au marché noir-
"Je mets de l'essence que j'achète au marché noir.C'est trois fois plus cher que le tarif normal affiché à la pompe", se plaint Sam Kabota, un médecin, venu faire ses courses au supermarché.
S'il juge, après trois jours, que la présidence de Mme Banda démarre bien, il attend encore qu'elle fasse ses preuves et l'observera "de très près".Depuis son arrivée au pouvoir, Mme Banda a déjà fait tomber quelques têtes, dont celle du chef de la police responsable de la tuerie de juillet.
Pour Daniel Dunga, président de l'ordre des comptables du Malawi, "la présidente doit se concentrer sur la relance du business, c'est tout!(...) Le plus important, ce sont les réserves de devises étrangères (qu'il faut reconstituer), et tout le reste suivra".
La dévaluation du kwacha, la monnaie nationale, et la révision d'un système fiscal qui décourage les investissements seront ensuite les priorités, estime-t-il.
Toute la société civile, qui s'est dressée ces derniers mois contre Mutharika pour réclamer d'avantage de libertés, attend en fait que la fin de l'autoritarisme permette le redémarrage de l'économie.
"Les Malawites se sentent plus libres maintenant", constate Undule Mwakasungula, président du comité consultatif des droits de l'homme.
"Nous ne vivons plus dans la peur parce que nous avons une nouvelle présidente qui croit aux principes démocratiques, (...) mais je pense que l'économie a besoin d'une politique de long terme.Economiquement, nous sommes dans le chaos."
"Nous avons besoin d'un gouvernement très réactif, mais aussi à l'écoute et qui s'assure qu'on se sortira des problèmes dans lesquels nous sommes englués", ajoute ce militant.
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