L'armée malawite a été appelée à la rescousse mardi pour permettre la tenue des élections générales, alors que des bureaux de vote ont été incendiés par des manifestants protestant contre les retards et la lenteur du processus électoral.
La présidente Joyce Banda, qui à 64 ans est en poste depuis deux ans -- arrivée au pouvoir à la mort du président Bingu wa Mutharika et non élue--, mène un dur combat pour rester à la présidence sur fond de difficultés économiques, alors qu'un scandale de détournement de fonds publics a éclaboussé son gouvernement.
Mauvaise publicité pour son gouvernement si elle en avait encore besoin, les cinquièmes élections depuis la fin du régime de parti unique du président Kamuzu Banda en 1994 ont été émaillées de nombreux incidents.
Certains bureaux n'ont ouvert que vers 16H00 (14H00 GMT), avec dix heures de retards, suscitant parfois la colère d'électeurs criant à la machination.La commission électorale a en conséquence annoncé qu'on pourrait voter pendant trois heures supplémentaires, jusqu'à 21H00 (19H00 GMT).
A la périphérie de la capitale économique Blantyre, une journaliste de l'AFP a vu les ruines encore fumantes d'un bureau de vote incendié par des habitants frustrés de ne pas voir arriver le matériel électoral.Un autre bureau, au moins, a été incendié non loin de là, selon la commission électorale.
"C'est un chaos total.Ca fait partie du système pour frauder", a accusé Samuel Kapuka, candidat de l'opposition à la députation, alors que les bulletins n'ont pas été distribués à temps dans des bureaux de vote très proches des centres de la commission électorale.
"Autant que je sache, il n'y a aucun plan visant à léser les habitants de cette ville.(...) Personne ne veut empêcher quiconque de voter, personne ne veut priver qui que ce soit de son droit de vote", a assuré le chef de la commission électorale, Maxon Mbendera.
"Les forces armées vont se déployer pour renforcer la présence de la police", a-t-il annoncé plus tard dans la journée.
- Eparpillement des voix -
Bien que contestée, Joyce Banda a toujours ses chances selon les observateurs, en raison du risque d'éparpillement des voix de l'opposition.
Blessings Chisinga, un politologue de l'Université du Malawi, estime que le vainqueur, élu à la majorité simple parmi douze candidats, aura moins de 40% des voix.
Mise en difficulté par le "Cashgate", un scandale de détournement de fonds, Joyce Banda explique que c'est parce qu'elle a lancé une campagne anti-corruption qu'il a été découvert et nie énergiquement toute implication personnelle.
Mais ses opposants l'accusent d'avoir détourné l'argent pour financer sa campagne.Et les bailleurs de fonds étrangers ont gelé une partie de leur aide.
Autre sujet de mécontentement: si les pénuries dont souffrait le Malawi ont largement disparu ces deux dernières années, la dévaluation imposée par la présidente a lourdement frappé la population au portefeuille.
"J'ai trouvé ce pays au bord de la banqueroute.Au bout de deux ans, le Malawi est un endroit meilleur.Notre croissance économique a atteint 6%, nous avons de l'essence, nous avons assez de nourriture.La récolte a été bonne", a déclaré Joyce Banda après avoir voté dans sa ville de Domasi (sud).
Son principal rival est l'ancien ministre des Affaires étrangères Peter Mutharika, 74 ans, frère du défunt président Bingu wa Mutharika.
Une enquête a révélé qu'il avait comploté au décès de son frère pour que l'armée prenne le pouvoir et écarte Mme Banda, alors vice-présidente --même si elle était passée à l'opposition-- et première dans l'ordre de succession à la tête de l'Etat.Il doit être jugé pour haute trahison.
Sont aussi en lice parmi ceux qui ont des chances, selon les observateurs, Atupele Muluzi, 36 ans, fils de l'ancien président Bakili Muluzi, et Lazarus Chakwera, 59 ans, chef du mouvement de l'ancien dictateur Kamuzu Banda qui assure que l'ancien parti unique est maintenant pleinement démocratique.
Les programmes des différents candidats sont assez semblables: stimuler l'économie, créer des emplois et subventionner l'agriculture.
Le résultat est attendu dans une huitaine de jours.
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