En attaquant trois villes en deux jours, la rébellion touareg, en sommeil depuis 2009, a ressurgi au Mali à la faveur du retour dans le nord de ce pays d'anciens rebelles bien armés ayant combattu en Libye aux côtés du leader Mouammar Kadhafi avant sa chute.
Ménaka mardi, Aguelhok et Tessalit mercredi: coup sur coup, ces trois villes du nord-est malien ont été attaquées au premières heures de la matinée, les cibles prioritaires étant les camps de l'armée.La rébellion touareg a affirmé que l'objectif était de poursuivre l'offensive contre d'autres villes du Nord.
Pas vraiment une surprise, tant les mises en garde sur les graves menaces représentées par le retour dans le nord du Mali de centaines d'hommes lourdement armés de Libye où ils avaient soutenu Kadhafi, ont été nombreuses, y compris de la part de l'ONU.
Les inquiétudes étaient d'autant plus grandes que cette vaste région quasi-désertique sert depuis plusieurs années de "sanctuaire" à des unités combattantes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) d'où elles rayonnent dans d'autres pays de la bande sahélo-saharienne, Mauritanie, Niger et Algérie.
"Les armes lourdes, dont des orgues de Staline avec lesquelles ils ont pilonné les camps militaires de trois villes du nord, viennent du stock de l'armée libyenne", affirme une source sécuritaire malienne.
Le gouvernement malien a accusé d'ex-rebelles touareg rentrés de Libye et des membres du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), formation politico-militaire née fin 2011 de la fusion de deux ex-groupes touareg à la tête des rébellions des années 1990 et 2000, d'avoir mené ces attaques.
"Ils ont l'air très organisés et disciplinés", note un diplomate africain en poste à Bamako."Ce sont des militaires qui savent ce qu'est la stratégie.Leur handicap est qu'il ne peuvent pas tenir sur la durée".
Selon Azaz Ag Louda, élu de la région de Gao (nord-est), qui avait rencontré il y a trois mois dans le maquis des membres du MNLA avant qu'il ne se lance dans l'action armée, "l'aile civile n'a pas autorité sur l'aile militaire".
Officiers touareg déserteurs
"L'aile civile voulait signer un document pour s'engager à privilégier le dialogue" avec le pouvoir du président malien Amadou Toumani Touré, "mais Nadjim Mohamed, l'une des têtes pensantes militaires du groupe, a refusé", affirme-t-il.
Le colonel Nadjim Mohamed et d'autres gradés qui avaient été intégrés à l'armée libyenne du régime Kadhafi, revenus au Mali lorsqu'il est tombé, forment l'élite de l'aile militaire du MNLA.
Aux côtés de ces ex-combattants pro-Kadhafi, figurent aussi des officiers touareg qui ont déserté l'armée malienne, dont les colonels Assanat et Ba Moussa, ainsi que des combattants de l'ex-chef rebelle touareg malien Ibrahim Ag Bahanga, décédé fin août 2011, officiellement dans un accident de la circulation.
La direction de l'aile civile du MNLA, sans apparente prise sur son aile militaire, est en partie composée de Bilal Ag Chérif, arabophone de la tribu des Iforas (nord-est du Mali) qui a étudié en Libye, de Mahmoud Ag Araly, chargé de la "sensibilisation", et d'Adboukarim, intellectuel francophile.
Pour pouvoir tenir sur le long terme, la rébellion touareg devrait pouvoir bénéficier d'une base arrière dans un pays du Sahel, comme dans les années 1990 avec la Libye, ce qui n'est pas le cas actuellement, estiment des experts.
Evoluant dans une zone frontalière de l'Algérie, le MNLA, qui revendique "la libération, l'indépendance de l'Azawad et la création d'un Etat", ne pourra pas obtenir l'appui de ce pays qui a toujours rejeté l'idée d'une partition du Mali.
L'Azawad, région naturelle du Mali et berceau des Touareg, s'étend de Tombouctou à Kidal (nord, nord-est).
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