Un responsable du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) a affirmé mardi à l'AFP que son groupe avait enlevé dans le nord du Mali une équipe du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui n'a pas confirmé cette revendication.
"Nous avons pris (...) un (véhicule) 4X4 des +ennemis de l'islam+ avec leurs complices", a déclaré Yoro Abdoulsalam, responsable connu du Mujao, dans un bref entretien téléphonique avec un journaliste de l'AFP à Bamako.
A la question de savoir s'il s'agissait de l'équipe du CICR, il a répondu: "Oui"."Ils sont en vie et en bonne santé", a-t-il dit, sans plus de détails.
Interrogé par l'AFP à Genève, Alexis Heeb, porte-parole du CICR, a déclaré ne pas pouvoir confirmer cette revendication d'enlèvement du Mujao avec lequel le CICR est cependant "en contact".
"Nous sommes en contact avec le Mujao et différents (autres) groupes armés au Mali, mais à ce stade nous ne pouvons pas confirmer cette revendication rendue publique ce matin", a affirmé M. Heeb.
Lundi, le CICR avait annoncé avoir "perdu le contact avec un de ses véhicules, avec cinq personnes à son bord".
Les cinq personnes sont quatre membres du CICR et un vétérinaire d'une autre organisation humanitaire, tous des Maliens, et leur disparition remonte au 8 février, alors que le véhicule effectuait le trajet entre Kidal (extrême nord-est) et Gao (nord-est), selon Alexis Heeb.
Tous "étaient partis de Kidal pour regagner leur base à Gao lorsque nous avons perdu le contact", avait précisé dans un communiqué Christoph Luedi, chef de la délégation du CICR au Mali, en affirmant n'écarter "aucune piste".
Le Mujao est un des groupes alliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui ont occupé le nord du Mali en 2012 avant d'en être en partie chassés par une intervention militaire internationale lancée début 2013 à l'initiative de la France, et toujours en cours.Ce mouvement était particulièrement présent dans la ville de Gao, et dans sa région.
- Retour du Mujao sur le terrain -
Ces allégations d'enlèvement interviennent sur fond de tensions dans la région de Gao, où plusieurs habitants évoquent un retour du Mujao sur le terrain.
Un responsable au gouvernorat de la région a indiqué que lundi, des dizaines de combattants armés supposés membres du Mujao avaient fait irruption dans la localité de Djébock, à une cinquantaine de kilomètres de Gao.
Ils étaient à la recherche d'un chef touareg absent au moment de leur passage.Après deux heures de présence sur les lieux sans être inquiétés, ils sont repartis, a indiqué la même source, sans plus de détails.
Dans un communiqué publié lundi, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg) avait accusé le Mujao d'être auteur du massacre d'une trentaine de "civils touareg" le 6 février dans la localité de Tamkoutat (nord-est de la ville de Gao), proche de Djébock.
Il ajoutait que "suite à ce massacre terroriste", ses troupes avaient engagé une course poursuite contre les assaillants" les 8 et 9 février, en tuant six et faisant deux prisonniers "arabes".La rébellion a évoqué un mort et un blessé dans ses rangs, et indiqué que certains assaillants avaient fui et traversé la frontière du Niger voisin.
Un élu et un ex-député de la région de Gao avaient indiqué à l'AFP la semaine dernière qu'au moins 30 Touareg avaient été tués le 6 février lors de violences entre communautés peule et touareg dans la zone de Tamkoutat.
Le gouvernement malien avait de son côté dénoncé "des actes terroristes" - sans citer de noms de groupes - ayant tué une trentaine de marchands revenant d'un grand marché de la même zone, la force de l'ONU (Minusma) évoquant 24 morts dans des "affrontements intercommunautaires".Ni le gouvernement ni la Minusma n'avaient précisé la communauté d'origine des victimes.
Le vaste Nord malien reste instable, plus d'un an après l'intervention militaire internationale.Des éléments jihadistes ont plusieurs fois frappé ces derniers mois dans ces zones, notamment à Kidal, chef-lieu de région et fief des Touareg qui reste la ville de tous les dangers, où l'armée et l'administration maliennes peinent toujours à imposer leur autorité.
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