Plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées en République démocratique du Congo lundi, en marge d'une journée de manifestations interdites contre le président Joseph Kabila, a-t-on appris mardi de sources concordantes.
"La police a appréhendé et gardé à vue 34 personnes à Kinshasa: les unes tentaient de braver l'interdiction de la marche, les autres voulaient se livrer à des actes de vandalisme", a déclaré à l'AFP dans la matinée le colonel Pierre-Rombaut Mwanamputu, porte-parole national de la police congolaise.
Finalement, les suspects "ont été tous élargis", a annoncé l'officier dans la soirée.
Sur son blog consacré à la RDC, l'organisation Human Rights Watch (HRW) parle de "plus de 80 personnes" arrêtées par les "forces de sécurité" (police, armée, services intérieurs), à Kinshasa, mais aussi à Bukavu et Kindu (Est), Lubumbashi, Kongolo et Kamina (Sud-Est) et Mbuji-Mayi (centre).
Interrogée mardi soir par l'AFP, l'ONG de défense des droits de l'homme a précisé que son chiffre tenait compte des personnes relâchées entre-temps et qu'elle n'était pas en mesure d'avancer un chiffre pour les personnes encore détenues.
A Lubumbashi, deuxième ville de la RDC, Hubert Tshisuaka, directeur de l'ONG locale Institut de recherche pour les droits de l'homme (IRDH), a déclaré à l'AFP être sans nouvelles de six personnes sur un groupe de 24 arrêtées la veille.
Toutes les autres "ont été libérées" sauf un "activiste de la société civile", Jean-Pierre Muteba, qui "vient d'être transféré au parquet", a ajouté M. Tshisuaka.Interrogé, le chef de la police provinciale n'a pas souhaité répondre aux questions de l'AFP.
- 'Rébellion et offense' -
Selon son avocat, Timothée Mbuya, M. Muteba a été entendu par un magistrat qui a "confirmé sa détention pour rébellion et offense au chef de la police" en attente de son jugement.Me Mbuya, qui conteste ces accusations, affirme que son client a été arrêté violemment dans la rue alors qu'il se rendait seul au domicile d'un opposant.
A Goma (Est), six jeunes qui tentaient d'ériger des barricades dans une rue ont été "brièvement interpellés puis relâchés" lundi, selon une source policière locale.
L'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti de l'opposant historique �?tienne Tshisekedi décédé en février, avait appelé les Congolais à manifester lundi dans tout le pays.Il voulait obliger M. Kabila, au pouvoir depuis 2001, à appliquer un accord politique signé le 31 décembre dernier pour permettre une sortie de la crise liée au maintien au pouvoir du chef de l'�?tat au-delà de la fin de son mandat le 20 décembre.
M. Kabila a 45 ans et la Constitution lui interdit de se représenter.
Il a nommé vendredi un dissident de l'UDPS, Bruno Tshibala, au poste de Premier ministre.L'UDPS et la coalition d'opposition du Rassemblement ont dénoncé cette décision, l'estimant contraire à la lettre et à l'esprit de l'accord de la Saint-Sylvestre, qui prévoit une cogestion du pays jusqu'à la prise de fonctions d'un nouveau président devant être élu avant la fin de l'année.
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