Une stèle en hommage au 61e bataillon de tirailleurs sénégalais a été dévoilée samedi au château des Maretz à Merfy (Marne) où en mai 1918 une section de 35 soldats coloniaux s'opposèrent à un régiment allemand pour défendre Reims et la route vers Paris.
"Ce combat oublié constitue un des nombreux faits d'armes de ces tirailleurs sénégalais dont le courage et la combativité ont été décisifs dans la seconde bataille de la Marne qui signa la victoire contre l'Allemagne", a expliqué à l'AFP Cheikh Sakho, universitaire et président de l'Association pour la mémoire de l'armée noire (AMAN), à l'initiative de l'hommage.
L'oeuvre réalisée par le sculpteur Jean-François Gavoty, déjà auteur du monument aux "Héros de l'armée noire" érigé en novembre 2013 à Reims, est un cylindre de basalte noir où apparaissent en creux des portraits de soldats africains tombés au combat et surmonté de l'ancre de marine, l'emblème des troupes coloniales.
Le 29 mai 1918, alors que les Allemands se sont emparés du Chemin des Dames et foncent vers Reims qui forme le dernier rempart de la route vers Paris, une section du 61e bataillon de tirailleurs sénégalais, commandée par le lieutenant Hugonnec, se retranche dans le château des Maretz à Merfy au nord de la ville des sacres pour tenter de freiner leur avance.
Pendant plusieurs heures, les 35 soldats coloniaux font face dans des combats acharnés à plus de 1.000 Allemands, laissant suffisamment de temps à l'Etat-major pour organiser la défense de Reims.
"Les tirailleurs ont tous combattu jusqu'à la mort autour de leur lieutenant, s'ils avaient capitulé, il est possible que les troupes ennemis arrivent alors jusqu'à Paris et renversent le cours de la guerre", a souligné le colonel Maurice Rives, 91 ans, ancien tirailleur sénégalais et auteur du livre "Les Héros méconnus" publié en 1993.
Lors de l'offensive allemande de juillet-août 1918, la ville de Reims a été défendue et sauvée par le 1er Corps d'Armée coloniale qui comptait neuf bataillons de tirailleurs sénégalais.
�? l'issue du conflit, on a dénombré au sein des unités d'Afrique noire quelque 28.000 morts ou disparus et près de 37.200 blessés.
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