Des opposants craignent un nouveau "tour de vis sécuritaire" au Maroc, après l'usage de la force contre des jeunes revendiquant d'importants changements démocratiques, que les autorités accusent d'être "manipulés par les islamistes et les gauchistes".
Plusieurs centaines de jeunes du Mouvement du 20 février, qui demandent des réformes politiques profondes, ont été dispersés à coups de matraques par la police dimanche dans plusieurs villes du royaume.Des dizaines de personnes ont été blessées, notamment à Tanger, dans le nord du Maroc.
"Le risque d'un nouveau tour de vis sécuritaire n'est pas écarté car les mentalités hostiles au changement sont toujours très présentes", a assuré à l'AFP Lahcen Daoudi, le président du groupe parlementaire du Parti justice et développement (PJD, opposition islamiste). "Les autorités (marocaines) doivent montrer à ces jeunes qu'elle a entendu leur message de changement et qu'elle le prend en considération.En les réprimant, elle semble leur communiquer le contraire", a poursuivi M. Daoudi.
Ce parti islamiste constitue la 2ème force d'opposition à l'Assemblée nationale, avec 46 sièges sur un total de 360.
"Ceux qui craignent une remise en cause des réformes annoncées doivent être rassurés: il s'agit d'un choix stratégique et irréversible", a déclaré à l'AFP le ministre marocain de la Communication Khalid Naciri.
"Le Maroc ne fera pas marche arrière et ira jusqu'au bout des engagements qui ont déjà été annoncés au plus haut niveau de l'Etat", a-t-il ajouté.
Dans un discours à la Nation le 9 mars, le roi Mohammed VI a annoncé d'importantes réformes constitutionnelles prévoyant notamment le principe de séparation des pouvoirs et un renforcement des pouvoirs du Premier ministre.
Mais pour l'économiste Fouad Abdelmoumni, qui se définit comme un "sympathisant" du Mouvement du 20 février, "ce recours disproportionné à la force contre les jeunes marocains semblent indiquer que les annonces de réformes faites récemment par les officiels marocains ne sont pas crédibles". "En utilisant l'appareil répressif pour réprimer un mouvement pacifique, le Maroc montre encore une fois qu'il n'est pas une exception par rapport à d'autres régimes arabes", selon M. Abdelmoumni.
Pour justifier le recours à la force contre les jeunes manifestants, les autorités marocaines mettent régulièrement en cause des mouvements islamistes comme "Justice et bienfaisance", ainsi que les milieux gauchistes. Selon lui, ce mouvement islamiste, l'un des plus importants au Maroc, utilise les revendications démocratiques "pour servir son propre agenda".
Le mouvement "Justice et bienfaisance" est officiellement interdit mais ses activités sont souvent tolérées.Contacté par l'AFP, son porte-parole Fathallah Arsalane a déclaré que "l'Etat doit répondre aux demandes politiques et sociales de la société marocaine au lieu de s'acharner sur notre mouvement".
Selon le ministre de la Communication, "le programmes des islamistes et des mouvements de gauche n'a rien à voir avec les réformes démocratiques". "Le gouvernement marocain n'a rien contre ce Mouvement du 20 février, mais nous estimons que ses membres sont manipulés par les islamistes et les gauchistes", a ajouté M. Naciri.
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