Maroc: mort d'Abraham Serfaty, célèbre opposant au roi Hassan II

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RABAT (AFP)

Abraham Serfaty, l'un des plus célèbres opposants de gauche au régime du roi Hassan II, est décédé jeudi à Marrakech (sud) à l'âge de 84 ans, après avoir consacré sa vie à militer contre l'absolutisme monarchique.

Cet ancien opposant, qualifié par ses proches de "patriote marocain", s'est éteint dans une clinique de Marrakech, a indiqué Christine-Daure Serfaty, son épouse, et sera inhumé vendredi au cimetière juif de Casablanca, près de ses parents.

"J'ai perdu un ami et quelqu'un qui avait le courage de dire ses idées par rapport au changement de la politique et des institutions", a déclaré Amina Bouaych, présidente de l'Organisation marocaine des droits de l'Homme (OMDH).

Le ministre de la Communication Khalid Naciri, qui avait milité avec Abraham Serfaty au sein du Parti communiste marocain, a lui aussi rendu hommage, dans une déclaration à l'AFP, à un militant "de la première heure qui s'est battu d'abord pour l'indépendance de son pays".

 "Progressiste convaincu, a ajouté le ministre, Abraham Serfaty a pu diverger avec ses camarades de combat mais, personnage honnête, il a pu porter un regard positif sur le nouveau Maroc qui se construit".

Ancien membre du parti communiste marocain, Serfaty - né à Casablanca dans une famille juive originaire de Tanger -, avait participé à la fondation dans les années 1970 de l'organisation d'extrême gauche Ila Al Amam (En Avant).

En 1972, il avait été arrêté une première fois et accusé les autorités de l'avoir "sauvagement torturé".

Après plusieurs mois de clandestinité, arrêté à nouveau en 1974, il avait été condamné en octobre 1977 à la prison à perpétuité sous l'accusation de "complot contre la sûreté de l'Etat".

Proche à l'époque des thèses indépendantistes du Front Polisario sur le Sahara occidental, il aura passé au total 17 ans en prison à Kénitra (nord de Rabat).

Libéré en 1991 par roi Hassan II, père de l'actuel roi Mohammed VI, après une importance campagne internationale en sa faveur, il fut aussitôt expulsé du Maroc vers la France par le ministre de l'Intérieur de l'époque, Driss Basri, au motif qu'il était un "ressortissant brésilien".

Très connu dans les milieux politiques en France, Serfaty bénéficia d'une intervention de Danièle Mitterrand, épouse de l'ancien président français, auprès du palais royal.

En 2000 après l'intronisation de Mohammed VI, l'opposant a été autorisé à rentrer au Maroc avec un passeport marocain.Il s'était alors installé à Mohammedia (sud de Rabat) avec son épouse Christine Daure, qui l'avait toujours soutenu.

"M.Serfaty était un militant qui avait consacré sa vie d'abord à la lutte anticoloniale puis contre le régime antidémocratique du roi Hassan II", a déclaré à l'AFP Amine Abdelhamid, vice-président de l'Association marocaine des droits humains (AMDH, indépendant).

"Abraham Serfaty était un compagnon de route entre 1971 et 1991.Il avait été un fervent défenseur de la cause des travailleurs et des droits de l'homme", a-t-il ajouté.

Pour le militant de gauche Mohamed Sebbar, membre du Forum justice et vérité (FJV), "nous ne pouvons parler de l'expérience des groupes de gauche clandestins au Maroc sans évoquer cet opposant au régime du roi Hassan II".

Cet ingénieur fut l'un des promoteurs de la politique minière du Maroc indépendant, en tant que directeur à l'Office chérifien des phosphates.

Issu d'une famille de juifs chassés d'Espagne en 1492, Abraham Serfaty, restait un antisioniste convaincu."J'irai d'abord en Palestine lorsqu'il y aura un Etat puis je passerai voir des amis juifs qui se trouvent eu Israël", avait-il confié à l'AFP dans une interview en 2005.

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