Le flux de migrants récupérés en Méditerranée ne connaît aucun répit, avec quelque 6.000 personnes secourues en un seul week-end, contraignant les secours en mer, essentiellement italiens, à redoubler d'efforts.
Plus de la moitié des immigrés secourus ce week-end sont arrivés lundi en Italie et un bébé est né au cours des opérations de sauvetage, a annoncé la Marine militaire.
Une petite fille est née à bord d'un patrouilleur de la marine italienne, le Bettica, alors que sa mère avait ressenti les premières douleurs peu de temps après avoir embarqué depuis les côtes libyennes.La mère et l'enfant, transportés à l'hôpital sitôt arrivés en Italie, se portent bien, selon la marine.
D'autres n'ont pas eu cette chance.Dix migrants ont été retrouvés morts à bord de plusieurs embarcations de fortune, alors que le total des victimes en Méditerranée dépasse les 1.750 depuis le début de l'année.
Quelque 6.000 migrants ont été sauvés ce week-end, dont 3.690 pour la seule journée de samedi, à bord de 17 embarcations en détresse, principalement au large de la Libye.
Ce total est parmi les plus élevés de ces dernières années, même s'il ne représente pas un record.Les 12 et 13 avril, plus de 6.600 migrants avaient été secourus en deux jours.
Un premier groupe de près de 900 migrants est arrivé dans le port de Pozzallo, près de Raguse, dans l'extrême sud de la Sicile.Les migrants, essentiellement des Somaliens et des �?rythréens, doivent être transférés après identification dans des centres d'accueil disséminés dans toute la péninsule, à Rome, Milan ou Naples, entre autres.
Plusieurs autres navires militaires sont par ailleurs arrivés dans la journée avec près de 2.000 migrants, à Reggio Calabria (sud-ouest), Messine et Augusta en Sicile ou sur l'île italienne de Lampedusa, au large de la Tunisie.
- Multiplication des sorties en mer -
Les garde-côtes et la marine italienne ont multiplié les sorties en mer ce week-end.Et pour la première fois samedi, le patrouilleur français Commandant Birot a participé aux opérations, secourant 219 migrants qui se trouvaient à bord de trois embarcations différentes.
La présence du navire français dans les eaux de la Méditerranée était prévue de longue date, a affirmé lundi la Commission européenne, pour qui le renforcement de Triton, l'opération européenne de surveillance et de secours en mer, n'est pas encore engagé.Les 28 n'ont toujours pas définitivement adopté le nouveau dispositif qui prévoit notamment l'extension de la zone géographique d'action des navires engagés.
Or, selon le porte-parole de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Rome, Flavio Di Giacomo, "toutes les opérations de secours ont été effectuées à environ 100 milles nautiques, loin des 30 milles qui représentent la limite d'action de Triton".
Pour l'OIM, les décisions prises le 23 avril par les dirigeants européens après les hécatombes de migrants en Méditerranée les jours précédents n'ont encore eu aucun effet.
"Nous n'avons pas vu de changement car j'imagine que la majeure partie des forces de Triton doit encore être mise en place.L'immense majorité des interventions de ce week-end a été réalisée par les Italiens, ou des navires marchands gérés par le centre opérationnel des gardes-côtes", a-t-il expliqué à l'AFP.
Lundi, Frontex, l'agence européenne chargée de la surveillance des frontières extérieures de l'espace Schengen, qui gère Triton, a précisé de son côté avoir intensifié ses opérations en Méditerranée.
"Nous travaillons à augmenter le nombre de bateaux et d'avions.Nous avons demandé et obtenu la confirmation de pays européens, dont la France, concernant l'envoi de leurs unités", a déclaré à l'AFP Ewa Moncure, la porte-parole de Frontex dont le siège se trouve à Varsovie.
Deux navires de la marine de guerre allemande ont ainsi accosté en Crète pour participer à l'aide au secours des migrants en Méditerranée, a annoncé lundi un porte-parole du ministère de la Défense à Berlin.
A la suite d'une série de naufrages ayant fait plus de 1.200 morts en avril, les dirigeants européens réunis en sommet extraordinaire le 23 avril ont décidé de renforcer la présence de l'UE en mer en triplant le budget de l'opération européenne Triton, qui était jusqu'alors de 3 millions d'euros par mois.
Triton a supplanté "Mare Nostrum", l'opération italienne nettement plus ambitieuse mise en place un an plus tôt, au grand dam des organisations humanitaires qui jugent que Triton est très insuffisant au regard des enjeux .
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