S'exprimant à Maputo, capitale du Mozambique (sud-est de l'Afrique), première étape d'un voyage qui le mènera aussi dans les îles de Madagascar et Maurice, le souverain pontife a espéré que "l'accord de cessez-le-feu définitif entre frères mozambicains" sera un "jalon décisif".
Un traité de paix historique a été signé le 6 août entre le gouvernement de Maputo et la Renamo, l'ancienne rébellion devenue principal parti d'opposition.La guerre civile avait pris fin voici vingt-sept ans mais la Renamo n'avait jamais désarmé.
Devant le président mozambicain Filipe Nyusi et le chef de la Renamo Ossufo Momade, et un parterre d'autorités politiques et civiles du Mozambique, le souverain pontife a rendu hommage aux "efforts qui, depuis des décennies, sont accomplis afin que la paix redevienne la norme" et il a noté les progrès enregistrés dans l'éducation et la santé.
Mais "sans égalité de chances, les différentes formes d'agression et de guerre trouveront un terrain fertile qui tôt ou tard provoquera l'explosion", a prévenu le chef des 1,3 milliard de catholiques de la planète, figure morale internationale.
"Ne relâchez pas l'effort, tant qu'il y aura des enfants et des adolescents sans éducation, des familles sans toit, des travailleurs au chômage, des paysans sans terre", a insisté François, dont les transferts dans Maputo sont attendus par des foules enthousiastes.
-"Réconciliation!"-
Temps fort de la journée, plus de 5.000 jeunes, de toutes confessions, l'ont accueilli dans un gymnase plein à craquer en scandant le mot "réconciliation!".
Jorge Bergoglio, qui a côtoyé les bidonvilles d'Argentine, a conseillé aux jeunes de ne pas tuer leurs rêves en sombrant dans "la résignation et l'angoisse".
"La paix est un processus que vous aussi vous êtes appelés à faire progresser", a dit le pape dans un discours axé sur la réconciliation.
A la sortie, les jeunes étaient émus."Il a dit que personne ne devait nous voler notre jeunesse", "je me suis sentie honorée par sa simple présence, ce n'est pas tous les jours qu'on voit le pape", a confié Wetla Bazo, 17 ans.
"Le pape nous a expliqué que l'angoisse est un facteur de destruction de nos rêves", a résumé Farida Mahango, une musulmane de 27 ans, "donc tous nos rêves peuvent être sauvés par la paix, la réconciliation et l'espoir en Dieu"."La paix est la seule façon de développer notre pays".
Selon la Banque mondiale, le Mozambique, avec ses plus de 2.000 km de côtes le long de l'océan Indien, figure dans la liste des dix pays de la planète les plus menacés par les conséquences du changement climatique.
Le pays tente de se reconstruire après le passage dévastateur de deux cyclones, Idai et Kenneth, en mars et avril, qui ont fait plus de 700 morts et laissé de nombreuses personnes sans abris."Je veux que vous sachiez que je partage votre angoisse, votre souffrance", a déclaré jeudi le pape, dans un message de réconfort très attendu.
François s'est aussi entretenu en privé avec le président Filipe Nyusi, qui brigue un deuxième mandat et dont les affichettes électorales sont omniprésentes dans les rues.Les deux hommes s'étaient déjà rencontrés voici un an au Vatican, un rendez-vous au cours duquel la fraternité entre Mozambicains avait été prônée et qui a servi de "guide dans le dialogue" avec la Renamo, a assuré le chef de l'Etat mozambicain.
Filipe Nyusi a néanmoins rappelé qu'une paix durable était menacée dans la province de Cabo Delgado (nord), en proie à une insurrection islamiste depuis deux ans qui a fait plus de 300 morts.
Dans la cathédrale de Maputo, le pape a appelé la communauté religieuse catholique à montrer la voie du dialogue et éviter de "faire partie du problème des rivalités, des mépris et des divisions entre les uns et les autres".
"Le pape des pauvres" a conclu sa journée auprès d'une oeuvre caritative catholique dont les bénévoles parcourent chaque soir les rues de Maputo pour distribuer des plats chauds aux plus nécessiteux.
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