Paulo Salazar a servi dans la marine portugaise pendant la guerre d'indépendance du Mozambique.Plus de quarante ans plus tard, il fait partie des vétérans de l'ère coloniale qui espèrent une pension venue de Lisbonne, que la plupart d'entre eux ne recevront jamais.
"Je serai reconnaissant pour tout ce qu'ils pourront donner, parce que j'ai travaillé pour eux", indique M. Salazar, 64 ans, qui patiente dans la foule des anciens combattants arrivant de tout le pays, tous les jours, à l'ambassade du Portugal à Maputo.
Père de quinze enfants, il tient fermement ses documents sous le bras.Sur son livret militaire, une photo jaunie: un visage jeune coiffé d'un béret noir.Le petit carnet indique qu'il a servi sur un navire de guerre portugais de 1964 à 1966.
Soutenu par des enfants plus jeunes, ou s'appuyant sur des cannes, ces hommes désormais vieux ont été encouragés par des articles publiés dans la presse mozambicaine en octobre, qui rappelaient que certains pouvaient prétendre à des pensions.
Mais la plupart n'auront rien, car les règles sont sévères.
Le Portugal a été engagé dans un long conflit pour empêcher l'indépendance de ses colonies africaines --notamment le Mozambique, l'Angola et la Guinée Bissau-- entre 1961 et la Révolution des oeillets de 1974.
Près de trente ans après le cessez-le-feu, en 2002, l'ancienne puissance coloniale a décidé de verser une compensation à ses anciens combattants africains.
Il ne s'agit pas d'une pension mensuelle conventionnelle, mais d'allocation annuelle d'environ 150 euros.A condition que les soldats aient cotisé à la sécurité sociale après leurs années de service.
Les associations d'anciens combattants portugaises ont jugé le montant de cette allocation scandaleusement peu élevé.
Mais au Mozambique, où la plupart des habitants gagnent moins que le salaire minimum qui est d'environ 2.000 meticals (58 euros) par mois, il est difficile de faire la fine bouche.
De nombreux anciens combattants se sont retrouvés sans emploi à l'indépendance, lorsque le mouvement de libération Frelimo a pris le pouvoir et dispersé les forces coloniales.La plupart des soldats qui combattaient pour les Portugais ont alors cessé leurs paiements à la sécurité sociale.
"Le gouvernement du Frelimo a déclaré que l'ordre colonial devait disparaître.Je suis devenu peintre", raconte Paulo Salazar, l'un des quelques chanceux qui ont pu continuer à cotiser.
Assane Assane, un autre vétéran âgé aujourd'hui de 62 ans qui a été démineur dans l'extrême nord du Mozambique de 1971 à 1974, est perdu.Il ne se souvient pas avoir jamais cotisé à quoi que ce soit.
"Je ne comprends pas tout", soupire-t-il, après avoir fait 1.800 km depuis Quelimane (centre).
Selon l'attaché militaire de l'ambassade du Portugal, Americo Prata Almeida, il y a toujours eu quelques anciens combattants venus réclamer une pension, "mais jamais nombreux".
En mai 2011 cependant, les vétérans de Beira (centre) ont menacé de manifester devant le consulat.Le Portugal a dû envoyer davantage de formulaires.
Les files d'attente ont grossi en octobre, quand la presse mozambicaine a relancé l'espoir.
"Ils sont désormais nombreux à venir, parce qu'ils croient qu'ils ont droit à quelque chose, alors que non", soupire M. Prata Almeida.
Les anciens combattants sont d'abord informés sur le programme de pension portugais, avant de rencontrer un fonctionnaire de l'ambassade qui déterminera avec eux s'ils remplissent les conditions pour recevoir la fameuse allocation.
Mais des centaines d'entre eux espèrent toujours, même s'ils n'ont pas cotisé à la sécurité sociale après leur démobilisation.
Comme Assane Assane."Si je n'obtiens rien, je devrai être patient", dit-il."Que puis-je faire d'autre ?"
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