Les ex-rebelles de la Renamo ont affirmé vendredi que l'un de leurs députés a été tué lundi lors de l'attaque de l'armée mozambicaine contre leur base, un accrochage qui avait provoqué un regain de tension dans ce pays où les plaies de la guerre civile sont encore à vif.
Quatre jours après l'accrochage, les deux camps semblent cependant enclins au dialogue.Vendredi, la Renamo a réaffirmé son refus de toute escalade militaire du conflit, et s'est dite prête à des pourparlers.En des termes proches de ceux employés la veille par le président Armando Guebuza lui-même.
"Notre collègue Armindo Milaco est mort à la suite de l'attaque des forces du gouvernement contre la base de notre leader (Afonso Dhlakama) le 21 octobre", a déclaré vendredi à l'AFP le porte-parole de la Renamo Fernando Mazango, "il a été tué par un obus".
Mais, a-t-il aussitôt ajouté, "nous connaissons les conséquences d'un conflit.Si nous répondons par la violence, nous risquons de replonger le pays dans la guerre".
"Nous sommes ouverts à des négociations, mais nous exigeons que le chef de l'Etat et commandant des forces armées retire ses troupes de notre base", a ajouté M. Mazanga, qui a de nouveau accusé l'armée d'avoir lancé cette opération dans le but d'assassiner Afonso Dhlakama.
Jeudi, le président Guebuza avait lui aussi lancé un appel au dialogue, sans toutefois répondre à la demande d'évacuation de la base de la Renamo.
"Le Mozambique vit actuellement une période où la paix est menacée", avait mis en garde le chef de l'Etat: "Nous devons montrer que nous voulons la paix (...) Dans ce moment test, nous devons avoir une solution.Cette solution est dans le dialogue.Nous devons tous continuer à nous engager dans le dialogue."
Depuis lundi, aucun bilan de pertes humaines n'avait été fourni de part ou d'autre après l'attaque du camp de la Renamo dans les montagnes de Gorongosa, dans le centre du pays à plus de 1.000 km de la capitale Maputo.
Fondée en 1975 pour mener une guérilla contre le Frelimo, alors communiste, la Renamo fut soutenue à l'origine, en pleine guerre froide, par la Rhodésie (actuel Zimbabwe) puis par l'Afrique du Sud de l'apartheid.
Après une guerre civile qui a fait plus d'un million de morts et qui a ruiné le pays, elle est devenue le principal parti d'opposition en 1992.Mais elle n'a jamais pu remporter une élection contre le Frelimo, au pouvoir depuis l'indépendance en 1975 de cette ex-colonie portugaise.
Fin 2012, le chef de la Renamo Afonso Dhlakama s'est retiré avec des hommes armés dans une zone montagneuse, menaçant de relancer les attaques contre les symboles du pouvoir.
Après plusieurs incidents armés sporadiques ces derniers mois, la tension est montée d'un cran lundi lorsque l'armée a investi la base de Dhlakama.
Des éléments isolés de la Renamo ont riposté en attaquant un poste de police le lendemain, sans faire de victimes.
Ces accrochages ont réveillé le spectre de la guerre civile, suscitant des commentaires inquiets notamment des Etats-Unis et du grand voisin sud-africain, qui appellent toutes les parties à dialoguer pour résoudre les problèmes.
Milaco, tué lundi, était un pur produit de l'histoire de son pays.Il avait été recruté de force à 17 ans par la Renamo, qui menait alors des campagnes de terreur contre les populations civiles pour s'assurer ressources et main d'oeuvre militaire.Puis il était devenu le bras droit d'Afonso Dhlakama, chargé du recrutement des membres du parti.
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