Le Mozambique, recherché pour ses plages vierges et ses sites de plongée sous-marine, a annoncé cette semaine la création d'un septième parc national à Magoe (nord-ouest) dont le mérite immédiat est de préserver une enclave verte pour la faune sauvage dans une région en plein boom charbonnier.
Le nouveau parc situé sur les rives sud du lac de Cahora Bassa couvre une superficie de 3.500 km2.Un confetti à l'échelle géographique nationale (800.000 km2) et des houillères voisines.Mais, cela n'empêche pas les spécialistes de l'environnement de crier victoire.
"Le reste de la province (environ 60%, ndlr) est exploité pour en extraire tout ce qu'il est possible de trouver, c'est donc une bonne chose qu'une partie soit réservée à la protection de l'environnement", a commenté Sean Nazerali, un consultant en environnement.
"Le principal objectif est de réduire la pression sur l'utilisation des ressources naturelles qui ne sont pas extensibles", a justifié un porte-parole du gouvernement Alberto Nkutumula.
Le parc devrait abriter des hippopotames, éléphants, lions, léopards et une race rare d'herbivore au pelage roux, l'antilope rouanne, tête noire et blanche et silhouette chevaline.
Initialement il devait être plus grand et inclure le district de Changara mais les autorités se sont réveillées trop tard."On s'est aperçu que des permis d'explorer avaient déjà été délivrés là", a expliqué Oscar Zalimba, chef de l'unité provinciale de protection de l'environnement.
Y a-t-il du charbon autour du parc?M. Zalimba préfèrerait que personne n'essaye de la savoir.Trois mines de charbon géantes ont déjà vu le jour dans la province, exploitées par les groupes brésilien Vale, anglo-australien Rio Tinto et indien Jindal.
Les réserves de charbon du Mozambique, environ 23 milliards de tonnes à Moatize, sont avérées depuis longtemps mais elles sont restées largement sous-exploitées depuis l'indépendance en 1975.
La province de Tete pourrait fournir un quart des besoins mondiaux d'ici 2025.
Convoité par les prospecteurs, le parc de Magoe leur sera désormais interdit."Ils ont fait des pieds et des mains pour venir ici, mais le département du tourisme a aussi fait de son mieux pour les tenir à l'écart", constate Simon Rodger, un opérateur de safaris de Cahora Bassa.
Le Mozambique revient de loin en matière de préservation de l'environnement et de faune sauvage.Même si le déminage a beaucoup progressé ces dernières années, la nature porte encore les stigmates de la guerre civile (1977-1992).Quantité d'animaux sauvages ont été décimés, servant de ration alimentaire à une population meurtrie par le conflit.
Le Mozambique, avant la guerre, a compté jusqu'à 60.000 éléphants mais à la fin des années 1990, le pays n'en comptait plus que 15.000. C'est aussi du Mozambique que viennent la majorité des braconniers de rhinocéros qui sévissent dans le parc Kruger, en Afrique du Sud.
"C'est l'un des pays en développement les plus actifs dans le monde en matière de nouvelles zones de préservation mais il faudra encore vingt ans de rattrape pour que la faune récupère sa densité de population", constate cependant Sean Nazerali.
La chasse à l'éléphant a été à nouveau autorisée en 1999, et à Magoe, une poignée de réserves de chasse privées devraient pouvoir continuer à faire venir leur clientèle, souvent fortunée, mais seulement autour du parc.
Au-delà des houillères, le nouveau parc devra aussi apprendre à cohabiter avec la population locale, environ 3.000 villageois vivant de pêche et de chasse.Et ce afin d'éviter les feux de brousse, l'abattage illégal d'arbres ou le braconnage endémique.
Surnommé la "Perle de l'océan indien", le Mozambique ne peut pas soutenir la comparaison des trois destinations phares pour les safaris, Tanzanie, Kenya et Afrique du Sud.Mais le pays recèle des trésors méconnus comme les parcs de Gorongosa, du Grand Limpopo et de Barazuto.
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