Malgré la pauvreté persistante 25 ans après l'indépendance, le parti au pouvoir en Namibie, la Swapo, s'acheminait vendredi vers une victoire facile aux élections présidentielle et législatives, premier grand scrutin électronique en Afrique.
D'autres pays du continent comme le Kenya ont instauré l'enregistrement électronique des électeurs, sans aller jusqu'au vote.En Namibie, l'opposition a été déboutée de ses recours contre ce nouveau système qui devrait livrer les résultats dès samedi.
Déjà Premier ministre pendant douze ans à l'indépendance en 1990, Hage Geingob, 73 ans, redevenu Premier ministre en 2012, devrait succéder au chef de l'Etat sortant, Hifikepunye Pohamba, qui ne peut pas se représenter après deux mandats.
Au coucher du soleil, les électeurs faisaient patiemment la queue devant les bureaux de vote avant la clôture, prévue à 21H00 (19H00 GMT), des opérations de vote commencées à 07H00.Aucun incident n'a été signalé par la police.
A l'entrée d'un bureau de vote de Katutura, township de la banlieue de Windhoek, un agent électoral contrôle les cartes d'électeur.
Chaque inscrit doit plonger un pouce dans de l'encre indélébile pour éviter la fraude et les doubles votes, puis s'avancer vers un appareil vert et blanc de la taille d'une grosse calculatrice où les noms et portraits des candidats défilent.
Il y a neuf candidats pour la présidence et 96 sièges de députés à pourvoir.
La Swapo a présenté une liste "zèbre" alternant un homme, une femme, pour renforcer la présence féminine à l'assemblée, tombée à 25 sur 72 sièges aux élections 2009.Mais également augmenté le nombre d'élus pour ménager les susceptibilités masculines.
"Biiiip !": le son du terminal - une fabrication indienne - retentit dans le bureau signifiant que l'électeur a voté.
"Les plus jeunes comprennent du premier coup, mais les plus âgés ont besoin qu'on leur explique un peu", souligne le président scrutateur du bureau Hertha Erastus à l'AFP.
Dans certains bureaux, des observateurs indépendants ont relevé d'importants délais et de longues files d'attente en raison de problèmes techniques.
Environ 1,2 million de Namibiens sont appelés aux urnes dans 4.000 bureaux de vote à travers ce pays d'Afrique australe conquis et administré par l'Afrique du Sud après la colonisation allemande et qui compte une minorité blanche en partie germanophone.
- 'Pays riche avec des gens pauvres' -
Riche en uranium et diamants, cet immense pays semi-désertique reste marqué par de fortes inégalités et 40% des jeunes y sont au chômage.
Les électeurs se sont présentés aux urnes parfois avant l'aube, formant comme à Katatura une longue file d'attente, beaucoup avec un thermos à café ou à thé.
Parmi eux, ceux qu'on appelle les "nés libres", les électeurs de moins de 25 ans nés après l'indépendance en 1990, forment environ un cinquième du corps électoral.
L'organisation du peuple de l'Afrique du Sud-Ouest (Swapo), plus grand parti du pays, est certaine de sa victoire, malgré une montée des critiques sur la lenteur des changements et des allégations de corruption.
La question est de savoir si ce parti aura plus ou moins de 75% des voix comme en 2009.
"La Swapo va gagner.Il n'y a pas de +si+, on va gagner", a déclaré à l'AFP à la veille du scrutin le ministre des Affaires étrangères Netumbo Nandi-Ndaitwah.
En votant, le Premier ministre affichait lui aussi sa confiance."Nous ne sommes pas un nouveau parti mais nous avons des projets que nous allons appliquer.Nous avons dit au début que nous mettions en place la paix, l'unité et la démocratie.La deuxième étape c'est l'émancipation économique", a-t-il déclaré, dans une allusion aux revendications de redistribution des terres.
"J'espère qu'il y aura un meilleur équilibre des partis au parlement, nous avons tout le temps les mêmes problèmes ici.C'est un pays riche avec des gens pauvres", commentait en écho Elias, un électeur de 43 ans au bureau de Katutura.
"Qu'on parle des services de santé, de médecine et d'autres, de l'éducation, le bilan est mauvais en 24 ans, très mauvais", confiait cette semaine à l'AFP un dissident du parti au pouvoir, Hidipo Hamutenya, parti former le Mouvement pour la démocratie et le progrès.
Il a accusé la Swapo d'utiliser les moyens de l'Etat pour sa campagne."La démocratie style Swapo c'est fondamentalement une blague", dit-il.
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