Nouveau drame de l'immigration au large de l'Italie: au moins 93 personnes sont mortes et plus de 200 sont portées disparues après le naufrage jeudi d'un bateau transportant des migrants de la Corne de l'Afrique.
Parlant de "journée dramatique", le vice-Premier ministre Angelino Alfano a annoncé un bilan, encore provisoire, de "93 morts dont 3 enfants et 2 femmes enceintes, 151 personnes repêchées" vivantes alors que l'embarcation transportait "entre 450 et 500", des migrants somaliens et érythréens, partis de Libye vers l'île de Lampedusa, située à 200 km environ au sud d'Agrigente en Sicile.
Depuis la mi-journée, les sauveteurs n'ont plus récupéré de corps en dépit des efforts de sept plongeurs, a-t-il dit.L'accident s'est produit "près de la côte, à 0,3 mile nautique (550 mètres)", à un endroit où "la mer atteint une profondeur de 30 à 45 mètres de fond".
L'épave de l'embarcation a été localisée, il s'agit d'un bateau de pêche qui a apparemment subi une avarie.
"Il faut que les caméras de télévision viennent"
"De peur qu'il ne coule, les migrants ont enflammé une couverture (pour attirer l'attention d'autres bateaux) mais cela a provoqué un incendie", a indiqué M. Alfano, qui a assuré que "les bateaux de pêche dans la zone n'ont pas vu l'embarcation sinon ils l'auraient signalée".
"C'est une horreur, une horreur; ils n'arrêtent pas d'apporter des corps", a déclaré en pleurs la maire de Lampedusa, Giusi Nicolini.
Sur le port s'alignent des dépouilles des victimes, recouvertes de sacs mortuaires verts.Faute de place, elles sont ensuite transportées dans un hangar de l'aéroport.
Mme Nicolini a envoyé un télégramme amer au Premier ministre Enrico Letta lui demandant de "venir compter les morts avec (elle)".
Elle a accusé l'Europe de "détourner la le regard (..) face à l'énième massacre d'innocents qui a lieu devant (son) île", en rappelant que cela "fait des années" que Lampedusa, plus proche des côtes nord-africaines que du reste de la Sicile, accueille des migrants.
M. Alfano qui doit se rendre sur place dans la journée, a appelé l'Union européenne à aider l'Italie où ont afflué "25.000" migrants et réfugiés depuis le début de l'année, au moins trois fois plus qu'en 2012."C'est un drame européen pas seulement italien", a-t-il dit en demandant notamment que Rome puisse étendre ses patrouilles "au-delà de ses eaux territoriales".
De son côté, La Commission européenne a appelé les 28 Etats membres à "accroître leurs efforts", notamment avec de meilleures procédures d'identification et de secours aux bateaux en danger.
La ministre italienne de l'Intégration Cécile Kyenge, originaire de RDCongo et première Noire dans un gouvernement italien, a réclamé une coordination européenne pour instaurer "des couloirs humanitaires afin de rendre plus sûres ces traversées sur lesquelles spéculent des organisations criminelles".
Selon les médias, un jeune Tunisien, recueilli lui-aussi, aurait été reconnu par les survivants comme l'un des passeurs et arrêté par la police.
"Une honte"
Le président italien Giorgio Napolitano a lui aussi demandé à la communauté internationale et "en particulier l'Europe de stopper le trafic criminel d'êtres humains en coopération avec les pays de provenance" et a jugé "indispensable la surveillance des côtes d'où partent ces voyages du désespoir et de la mort".
Le pape qui s'était rendu pour son tout premier voyage hors de Rome à Lampedusa début juillet a parlé de "honte" face aux "nombreuses victimes de cet énième naufrage".
Le chef du Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés Antonio Guterres s'est dit "choqué par ce drame" et "bouleversé par la montée du phénomène des migrants et des personnes fuyant les conflits et périssant en mer".
Un autre navire a débarqué au cours de la même nuit à Lampedusa 463 migrants, provenant apparemment de Syrie.
Lundi, 13 immigrés -- pour la plupart Erythréens -- s'étaient noyés en tentant de rejoindre la côte près de Raguse (sud-est de l'île principale de Sicile) après avoir sauté ou avoir été jetés par des passeurs d'une embarcation transportant environ 200 migrants et réfugiés.
Début août, un drame semblable avait coûté la vie à six Egyptiens sur une plage de Catane (est de la Sicile).
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