Niger: les otages libérés sur fond de bras de fer avec Areva

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Paris (AFP)

La libération des quatre otages français enlevés en 2010 sur un site minier d'Areva à Arlit au Niger intervient alors qu'un bras de fer oppose le groupe nucléaire français à Niamey, qui réclame des retombées plus importantes du premier employeur privé du pays.

Le scénario de la libération des otages, orchestré selon la France et le Niger par Niamey, a relancé les spéculations sur d'une part le versement d'une rançon et de l'autre, d'éventuelles contreparties que le Niger pourrait obtenir dans ses négociations en cours avec le groupe français.

D'autant que le grand artisan de la libération, l'ex-ministre nigérien et figure touareg Mohamed Akotey, 46 ans, est le président du conseil d'administration d'Imouraren SA, une filiale d'Areva dans le pays sahélien.

"Il n'existe aucun lien, d'aucune sorte, entre les deux sujets" des otages et des négociations commerciales, a assuré mercredi un porte-parole d'Areva à l'AFP.

L'actuel accord pluri-annuel entre Areva, deuxième entreprise de production d'uranium au monde, et le Niger, quatrième pays producteur mondial mais aussi un des pays les plus pauvres de la planète, arrive à échéance à la fin de l'année.

Pour la prochaine période de dix ans, le gouvernement nigérien a à plusieurs reprises ces derniers mois réclamé une amélioration de ses conditions, dénonçant un partenariat "déséquilibré".

Premier produit d'exportation du Niger, le minerai représente environ 5% de son produit intérieur brut (PIB).

Des cours de l'uranium très bas

Niamey possède 36 et 31% respectivement des deux grandes mines en exploitation, près d'Arlit, la Somaïr (64% Areva) et la Cominak (34% Areva), et vend pour son compte la part correspondante de la production.

L'Etat nigérien en a tiré environ 100 millions d'euros de recettes budgétaires en 2012 et près de 70% de la valeur de l'uranium lui revient directement ou indirectement, selon Areva, qui vante pour sa part "un partenariat durable".

Premier employeur privé du pays, le groupe français, présent au Niger depuis 1958, emploie 2.700 personnes dans le pays, "à 99% des Nigériens" et estime à 5.000 les effectifs de sous-traitants.

Si le Niger est très dépendant d'Areva, l'inverse est aussi vrai: en 2012, le Niger a été son deuxième fournisseur d'uranium, juste derrière le Kazakhstan, et devant le Canada, avec plus d'un tiers de son approvisionnement.

La prochaine inauguration de la mine géante d'Imourarène (prévue en 2015), à 80 kilomètres au sud d'Arlit, devrait encore renforcer ce poids. 

Trois ans après l'enlèvement d'Arlit, qui avait contraint Areva à évacuer ses expatriés, la sécurité sur place reste délicate: fin mai, un attentat visant la mine de Somaïr avait fait 1 mort et 14 blessés.

A l'incertitude géopolitique vient s'ajouter un autre effet négatif: la chute des cours du "yellow cake", qui tarit les revenus nigériens.

Alors que se profilait une "renaissance" du nucléaire et une raréfaction des ressources en uranium, les cours s'étaient envolés jusqu'à 138 dollars la livre en juin 2007. 

Mais la catastrophe de Fukushima est passée par là, réduisant les perspectives de développement de l'atome, et les cours de l'uranium, déjà retombés autour de 70 dollars avant l'accident japonais, ont chuté et évoluent actuellement autour des 35 dollars.

Après avoir abandonné ou freiné plusieurs projets de mine d'uranium, en Centrafrique et en Namibie notamment, Areva vient néanmoins d'annoncer un nouveau partenariat dans le désert de Gobi en Mongolie.

Cette coopération va permettre "de poursuivre la diversification géographique des activités minières d'Areva", a souligné samedi à Oulan Bator son patron, Luc Oursel.

 

 

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