Nigeria: à Lagos, une équipe de foot qui travaille dur, prie et croit aux légendes

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LAGOS (AFP)

Eparpillés par terre, des maillots, des chaussettes et des chaussures de foot sèchent au soleil, au bord d'une route de Lagos.Attentifs, les jeunes joueurs qui viennent de finir un match écoutent le coach leur répéter "Vous êtes des légendes venues de nulle part".

C'est la devise de la Covenant sports football academy.

Les trente recrues de cette modeste institution nigériane se sont assises sous l'unique arbre qui offre un peu d'ombre à la lisière de leur terrain, un rectangle de sable grignoté par les herbes et aux cages sans filet.

L'entraînement quotidien est terminé et leur instructeur Peter Nnolum, un ancien joueur nigérian, prend désormais le temps de commenter leur jeu et faire le point sur les techniques à développer.

Il profite aussi de la présence d'une journaliste étrangère pour aborder la question de la pression médiatique des stars du foot et souligner l'importance d'être mentalement préparé au succès."Savez-vous ce que sont les paparazzi?", leur demande-t-il.

La Covenant est peut-être une "académie en plein air", sans locaux ni infrastructures.Une parmi tant d'autres au Nigeria, pays des légendes Nwanko Kanu et Jay-Jay Okocha où des milliers de jeunes talents rêvent de percer.Soit.Mais le foot ici n'en est pas moins une affaire très sérieuse.

"De nombreux joueurs qui sont partis à l'étranger ont commencé de cette manière", rappelle Peter Nnolum, en référence à des membres de l'équipe nationale des Super Eagles, qualifiée pour la Coupe du monde.

"L'un d'entre eux pourrait très bien devenir une star mondiale", affirme-t-il en montrant ses poulains, âgés de 13 à 20 ans.

"Ils ne sont pas privilégiés, ils n'ont rien à hériter (...), leur alimentation pose problème, le& transport pose problème, l'hébergement est un gros problème, les conditions d'entraînement sont désastreuses (...) mais leur désir, leur passion, leur volonté de réussir (...) voilà ce qui les pousse", dit l'entraîneur qui visiblement vibre pour ces garçons à qui il transmet tout, sans compter.

L'objectif ultime pour ces joueurs, dont certains ont abandonné leurs études, c'est l'Europe.Signer avec un club du vieux continent, le summum de la réussite.

Pour Philip Aremu, 18 ans, recruté par l'académie il y a cinq ans, la pression monte.Après un essai en Grèce en 2008, le jeune attaquant s'apprête à partir en Serbie où un club doit le tester quelques semaines.

"Nous n'attendons plus que le visa", explique Stanley Oji, directeur des Affaires internationales de la Covenant, qui fera le déplacement avec lui.

"Aller en Europe est la meilleure chose qui puisse arriver à un joueur", dit Philip, trempé après des heures d'efforts sous un soleil brûlant."Je vais donner le meilleur de moi-même pour décrocher ce contrat".

Ce grand garçon gracieux et tout en muscles est prometteur, selon la Covenant qui mise sur son talent.

Mais les places sont chères.Chaque année, de nombreux joueurs nigérians débarquent en Europe, pour les essais d'été qu'ils préfèrent à ceux d'hiver, en raison des températures.

"Il y a un paquet de joueurs, un paquet d'académies", tempère ainsi Tony Adiele, le coach spirituel de la petite équipe.

Car le foot, ici, c'est aussi l'affaire des Dieux.

"En Europe, ils ont des ordinateurs, ils ont à manger, ils ont des endroits pour dormir.Nous, nous n'avons pas tout cela, alors que faisons-nous?Nous prions", résume Peter Nnolum.

Bible à la main, baskets à la mode et t-shirt sportif, Tony Adiele, un ancien joueur de 44 ans devenu évangéliste, clôture chaque entraînement avec une "session de prêche".

Les jeunes sont désormais debout, sous l'arbre.Yeux fermés, paumes levées vers le ciel pour certains, ils reprennent en choeur son chant.

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