Nigeria: au moins 10 morts dans un double attentat pendant la fête de l'indépendance

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ABUJA (AFP)

Au moins dix personnes ont été tuées vendredi pendant la cérémonie du cinquantenaire de l'indépendance du Nigeria dans un double attentat à la voiture piégée à Abuja, première attaque de ce type menée dans la capitale et revendiquée par le principal groupe rebelle du pays.

Les attentats, qualifiés d'"acte épouvantable" par le président nigérian Goodluck Jonathan, ont eu lieu près d'Eagle Square, la place où se déroulait la cérémonie pour les 50 ans de l'indépendance, en présence des dirigeants du pays et de délégations étrangères.

"Il y a eu deux explosions de voitures piégées", a déclaré le porte-parole de la police de la capitale fédérale, Moshood Jimoh, qui avait fait état auparavant de huit morts, des passants et un officier supérieur de la police.

Deux autres personnes ont ensuite succombé à leurs blessures, selon des sources hospitalières, faisant passer le bilan des victimes à au moins dix morts.

Un témoin a raconté avoir entendu "une première explosion, puis une seconde, forte, derrière nous".Une dizaine de véhicules ont été détruits par l'explosion.Pompiers, policiers et démineurs sont arrivés rapidement sur les lieux, près d'un tribunal de la capitale fédérale nigériane.

Un journaliste de l'AFP a pu voir six corps emmenés par les services de secours quelques instants après la première explosion.

"La seconde explosion a fait plus de victimes car la première avait attiré la foule" sur les lieux, a expliqué sous couvert d'anonymat un officier des services de renseignements.

"Des personnes ont pris feu, leurs vêtements se sont enflammés", a déclaré un témoin."Elles étaient en train de courir, essayant d'enlever leurs vêtements après la première explosion, et alors que des gens criaient, essayant de sauver d'autres personnes dans des voitures, la deuxième voiture a explosé".

Un officier de police hospitalisé pour des blessures au torse après les explosions a déclaré à l'AFP qu'il connaissait "au moins cinq policiers qui étaient derrière moi et qui sont morts dans l'explosion, car ils étaient près d'une voiture qui a explosé".

Malgré le double attentat, les célébrations de l'indépendance n'ont pas été interrompues, notamment la parade militaire organisée pour l'événement.

Les attentats ont été revendiqués par le principal groupe rebelle du Nigeria, le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend)."Le Mend revendique la responsabilité de l'attaque", écrit le groupe dans un communiqué.

Plus tôt vendredi, le Mend avait affirmé dans un autre communiqué avoir placé des bombes sur le site de la cérémonie, ainsi qu'à ses abords.

"Plusieurs engins explosifs ont été placés avec succès dans et aux alentours" du site, affirmait le communiqué du Mend, en soulignant que les lieux devaient être évacués avant 10h30 locales (09h30 GMT).

La première explosion a eu lieu un peu plus d'une heure après l'expiration de l'ultimatum.Après le double attentat, les rebelles du Mend ont accusé le gouvernement d'avoir agi "de manière irresponsable en n'évitant pas la perte de vies humaines", ajoutant que leur ultimatum avait été ignoré par les autorités.

"Il n'y a rien de bon à célébrer après 50 ans d'échecs", juge le Mend dans son communiqué, ajoutant: "depuis 50 ans, la population du delta du Niger a vu ses terres et ses ressources lui être volées".

Le Mend, qui réclame une meilleure redistribution de la manne générée par le pétrole extrait dans la région, a revendiqué dans le passé plusieurs enlèvements d'employés du secteur pétrolier et attaqué des installations pétrolières.

Une partie des militants du Mend a cependant renoncé à la violence après un accord d'amnistie avec le gouvernement fédéral de l'ancien président Umaru Yar'Adua, décédé le 5 mai.

Son successeur, Goodluck Jonathan, originaire du delta du Niger - le coeur de l'industrie pétrolière du pays - a annoncé son intention de se présenter à la présidentielle de janvier 2011.

Dans un communiqué, vendredi, le président Goodluck Jonathan a déclaré que les poseurs de bombes allaient "payer lourdement ce crime haineux".

A New York, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a condamné le double attentat, tandis qu'à Bruxelles, la chef de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton le qualifiait d'"acte terroriste méprisable contre une société démocratique".La France a également condamné le double attentat.

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