Un attentat à la voiture piégée a fait au moins 18 morts et 80 blessés près d'Abuja, la capitale du Nigeria, dans une gare routière déjà visée par le groupe islamiste Boko Haram il y a moins de trois semaines et à quelques jours d'un grand forum économique international.
La déflagration a eu lieu jeudi vers 20h00 (19h00 GMT) dans la gare de Nyanya, à quelques kilomètres du centre d'Abuja.
Une voiture piégée a explosé à 50 mètres à peine du lieu de l'attentat du 14 avril, qui avait fait au moins 75 morts, l'attaque la plus meurtrière que la capitale nigériane ait jamais connue.
"Selon les dernières informations dont nous disposons, il y a eu 18 morts et un total de 80 blessés" a déclaré vendredi à l'AFP Manzo Ezekiel, le porte-parole de l'agence nigériane de gestion des situations d'urgence (NEMA).
Le directeur général de la NEMA, Muhammad Sani Sidi, qui s'est rendu à l'hopital général Asokoro d'Abuja dans la nuit de jeudi à vendredi, a déclaré à la presse que les victimes ont été prises en charge dans de nombreux hôpitaux d'Abuja et ses environs.
Ce second attentat en un peu plus de quinze jours à quelques kilomètres du siège du gouvernement intervient moins d'une semaine avant le Forum économique mondial pour l'Afrique, qui doit réunir à Abuja des décideurs du monde entier, dont le Premier ministre chinois Li Keqiang.
Suite à l'attaque du 14 avril, les organisateurs avaient promis de déployer le dispositif le plus important jamais mis en place pour des réunions internationales au Nigeria, première économie et premier producteur de pétrole d'Afrique.
Le Forum économique mondial (WEF) a assuré que la rencontre prévue les 7-9 mai aurait lieu malgré l'attentat.
"Les mesures de sécurité existantes sont fiables et par conséquent il n'est pas envisagé de procèder à un quelconque changement du programme ou du contenu de la rencontre", dit le WEF dans un communiqué.
L'attentat de jeudi n'a pas été revendiqué pour l'instant mais les soupçons se sont immédiatement portés sur Boko Haram, dont les attaques ont fait des milliers de morts depuis le début de l'insurrection lancée par le groupe il y a cinq ans dans le nord à majorité musulmane.
Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, considéré comme un "terroriste" par les Etats-Unis, avait revendiqué l'attentat du 14 avril dans une vidéo.
- Des dizaines de lycéennes enlevées -
Selon M.Ezekiel, le travail des secours a été rendu difficile par l'osbcurité dans laquelle est plongée la gare de bus, très mal éclairée la nuit.
Nyanya était totalement inaccessible jeudi, après l'attentat, l'unique route reliant la gare de bus au centre d'Abuja ayant été bloquée et les voitures étant contraintes de rebrousser chemin sur plusieurs kilomètres, selon un journaliste de l'AFP.
Selon M. Ezequiel, qui vit près de Nyanya et a entendu l'explosion, les ambulances et les services de secours ont aussi eu du mal à atteindre le site.
Boko Haram, qui revendique la création d'un Etat islamique dans le Nord du Nigeria a déjà pris pour cible des écoles, des églises, des mosquées et des symboles de l'Etat et des forces de l'ordre depuis 2009.Le groupe islamiste, dont la plupart des attaques sont concentrées dans le Nord-Est, son fief historique, a déjà fait plus de 1.500 morts rien que cette année, selon Amnesty International.
Le nouvel attentat d'Abuja rappelle la menace sérieuse que fait planer Boko Haram sur le pays le plus peuplé d'Afrique.
Le président Goodluck Jonathan est très critiqué pour son impuissance face aux atrocités commises par le groupe extrémiste, ce malgré une opération militaire de grande envergure dans le Nord-Est, sous le coup d'un état d'urgence depuis un an.
Ce nouvel attentat intervient dans un contexte de mobilisation croissante de l'opinion publique suite à l'attaque la plus choquante jamais perpétrée par Boko Haram: l'enlèvement le 14 avril de 100 à 200 filles âgées de 12 à 17 ans, dans leur établissement scolaire du Nord-Est.
Les responsables et les habitants de Chibok, la ville de l'Etat de Borno où le rapt a eu lieu, annoncent des bilans contradictoires, mais, selon la directrice du lycée des victimes, elles sont encore 187 à être retenues par les islamistes.
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