La ville de Chibok, dans le nord-est du Nigeria, a été reprise ce weekend par l'armée et des miliciens locaux, deux jours après être tombée aux mains du groupe islamiste Boko Haram qui y avait enlevé des centaines de lycéennes en avril.
Cette ville de l'Etat de Borno était tombée aux mains des islamistes jeudi après-midi, au terme de plusieurs heures de combats entre les islamistes et les miliciens locaux.
Symboliquement, la reprise par les autorités de la ville associée au rapt des lycéennes, qui avait tant ému le monde entier, est importante pour le président Goodluck Jonathan qui vient d'annoncer qu'il serait candidat à sa succession l'année prochaine.
Mais les violences n'ont pas cessé pour autant dans cette région: une kamikaze s'est fait exploser dans un marché de téléphones portables à Azare, dans l'Etat de Bauchi, à l'ouest du Borno, faisant au moins 13 morts et 65 blessés, selon un communiqué du porte-parole provincial de la police, Haruna Mohammed.
Ce troisième attentat en moins d'un mois à Azare n'a pas été revendiqué pour mais le mode opératoire est le même que celui employé par Boko Haram pour d'autres attaques dans le nord-est du Nigeria.
Plusieurs témoins ont rapporté avoir vu la kamikaze entrer dans le marché vers 17h50 (heure locale, 16H50 GMT), au moment où les stands commençaient à fermer, accompagnée de deux hommes, et déclencher les explosifs dissimulés sous sa robe.
Les deux hommes ont ensuite été capturés par la foule en colère et l'un d'eux a été lynché à mort.
Plus tard dans la soirée, des jeunes ont paradé dans les rues d'Azare avec la tête de la kamikaze au bout d'une lance, et les affiches des candidats aux élections générales de 2015 ont été détruites, la foule accusant la classe politique d'être responsable des violences islamistes.
- Les miliciens combattent à la place de l'armée -
Les autorités nigérianes, très critiquées pour n'avoir pas su juguler l'insurrection islamiste, dont les tueries sanglantes sont quasi-quotidiennes et qui occupe plus d'une vingtaine de localités dans le Nord-Est, avaient été pointées du doigt par la communauté internationale pour son manque de réactivité au moment du rapt de 276 lycéennes à Chibok, mi-avril, dont 219 sont toujours aux mains de Boko Haram.
"L'armée a repris Chibok à 18h30 hier (samedi) soir", a déclaré dimanche à l'AFP le général Olajide Olaleye, porte-parole de l'armée de terre."Des opérations de nettoyage sont en cours, mais la ville a été sécurisée", a-t-il ajouté dans un texto.
Pogu Bitrus, le chef des notables de Chibok, a confirmé à l'AFP que "depuis 17H00 hier (samedi) il n'y a plus aucun combattant de Boko Haram à Chibok".
Selon M. Bitrus, qui est en contact avec les miliciens anti-islamistes sur place, la ville a été reprise au terme d'une opération conjointe de la milice locale et de l'armée.
"Les miliciens sont entrés dans Chibok et les soldats sont restés à l'extérieur de la ville pour capturer les insurgés qui essayaient de s'enfuir", a-t-il précisé.
Jeudi aussi, plusieurs habitants avaient affirmé que l'armée avait fui à l'arrivée des assaillants à Chibok, laissant les miliciens combattre seuls.
On ignorait dans un premier temps le bilan des combats de samedi mais, selon les témoignages recueillis ces derniers jours, Chibok s'était presque complètement vidée de sa population à l'arrivée des islamistes.
la prise de la ville jeudi avait fait de nombreuses victimes, tant parmi les insurgés que parmi les miliciens, selon plusieurs responsables locaux qui n'ont toutefois pas avancé de chiffres.
Boko Haram avait mis le feu à tous les lieux de culte chrétiens et détruit les pylônes de télécommunication, coupant la ville de toute communication avec l'extérieur.
Seul le chef de la milice locale, équipé d'un téléphone satellite, a pu continuer à tenir informés les habitants et les responsables de la ville, qui avaient fui.
Malgré leurs faibles moyens logistiques, les Civilian JTF, ces jeunes réunis au sein de milices pour combattre les islamistes, semblent s'être substitués en partie à l'armée, mal équipée et en sous-effectifs, dans plusieurs zones du nord-est.
M. Jonathan a une fois de plus promis, cette semaine, lors de l'annonce de sa candidature à la présidentielle de février 2015, qu'il allait tout faire pour libérer les lycéennes de Chibok.
Mais dans cette ville en ruines, où ni le commissariat de police, ni le siège de l'administration, détruits lors du rapt d'avril, n'ont été reconstruits, et où les habitants vivent dans l'angoisse permanente de nouvelles attaques, les parents des otages se disent usés par toutes ces promesses non tenues.
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