La crainte d'une reprise des violences hantait les musulmans participant à la prière du vendredi à Kano (nord du Nigeria), après la menace du chef présumé du groupe islamiste Boko Haram de lancer de nouvelles attaques, une semaine après celles qui y ont fait 185 morts.
"Les gens redoutaient ce qui pouvait arriver à la mosquée aujourd'hui", a déclaré à l'AFP Musa Danbirni, 58 ans, après avoir prié à Nassarawa, un quartier huppé de Kano.
"Honnêtement, je suis allé à la mosquée dans la peur", a renchéri un autre fidèle, Isa Bello, 58 ans."Nous espérons ardemment l'unité et la compréhension entre chrétiens et musulmans au Nigeria", a-t-il ajouté.
Dans un enregistrement diffusé jeudi sur YouTube, le chef présumé de Boko Haram, Abubakar Shekau, a déclaré que "des soldats ont mené des raids contre des séminaires islamiques à Maiduguri (nord-est) et ont blasphémé le Coran.Ils doivent garder en tête qu'ils ont aussi des écoles élémentaires et secondaires ainsi que des universités, et nous pouvons aussi les attaquer".
Il a aussi revendiqué la série d'attaques spectaculaires qui a plongé Kano, la deuxième ville du pays, dans le chaos le 20 janvier et fait 185 morts.
"Nous sommes responsables" de ces attentats, a-t-il déclaré dans ce message."Je l'ai ordonné et je donnerai cet ordre encore et encore.Dieu nous a donné la victoire".
L'authenticité du message en langue haoussa qui défile au-dessus d'une photographie de Shekau avec une Kalachnikov dans le décor ne pouvait être confirmée dans l'immédiat.Mais la photo paraît semblable à des clichés antérieurs supposés représenter Abubakar Shekau et la voix est similaire à celle de précédents enregistrements.
"Nous avons attaqué les centres de la sécurité parce que nos membres ont été arrêtés et torturés", selon les termes du message attribué à Abubakar Shekau.
"pas de problème religieux"
Le gouverneur de l'Etat de Kano, Rabiu Musa Kwankwaso, a nié vendredi que des membres de Boko Haram aient été arrêtés sur la base de fausses accusations et s'est dit prêt au dialogue.
"Nous n'avons jamais ordonné l'arrestation de quiconque et nous n'avons pas de personnel pour procéder à des arrestations au niveau de l'Etat", a-t-il déclaré à des journalistes."Si des personnes ont été arrêtées alors qu'elles sont innocentes, elles devraient être libérées".
"En tant que gouvernement, nous sommes toujours prêts à nous asseoir à une table aux côtés de gens qui expriment des griefs et des demandes", a-t-il affirmé.
Boko Haram multiplie depuis des mois les attentats de plus en plus meurtriers.Le groupe veut l'instauration d'un Etat islamique dans le nord du Nigeria, majoritairement musulman, tandis que le sud est à dominante chrétienne.
Le vice-président nigérian Namadi Sambo a rejeté vendredi le caractère religieux du conflit."Il est très clair qu'il n'y a pas de problème religieux, de lutte religieuse dans le nord du Nigeria", a-t-il dit.
Pour Elizabeth Donnelly, une spécialiste de l'Afrique du groupe de réflexion Chatham House basé à Londres, au contraire, de telles tensions existent bien et Boko Haram pourrait les utiliser pour se renforcer.
"S'il pensait que c'est son intérêt, il serait très facile pour Boko Haram d'exploiter les tensions existantes", a-t-elle estimé.
Les forces de sécurité étaient par ailleurs toujours à la recherche d'un ingénieur allemand, Edgar Raupach, enlevé jeudi à Kano.
Le ministère allemand des Affaires étrangères a confirmé vendredi à Berlin l'enlèvement d'un Allemand au Nigeria, qui n'a pas été revendiqué.Il s'agit d'un salarié de l'entreprise Bilfinger Berger, numéro deux allemand du BTP, a précisé un porte-parole de la compagnie.
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