Le président nigérian Goodluck Jonathan, sous forte pression pour mettre un terme au cycle d'attentats revendiqués par les islamistes de Boko Haram, a limogé mercredi le chef de la police quelques jours après de nouvelles attaques ayant fait 185 morts à Kano (nord).
Le limogeage de Hafiz Ringim est "un premier pas vers la réorganisation de la police afin de la rendre plus efficace et capable de faire face à des défis sécuritaires internes émergents", a annoncé la présidence dans un communiqué.
Il est remplacé, avec effet immédiat, par Mohammed Abubakar, jusqu'alors Inspecteur général "assistant", responsable de l'une des douze zones sécurité du pays, basé à Bauchi (nord).
Les six chefs adjoints de la police ont aussi été démis de leurs fonctions mercredi.
Cette annonce intervient quelques jours après une série d'assauts coordonnés vendredi soir à Kano, la deuxième ville du pays, qui ont fait au moins 185 morts, selon la police, et été revendiqués par Boko Haram.
Ces attaques ont visé principalement des bureaux de la police.Mardi, alors que les habitants étaient toujours sous le choc, des membres présumés du groupe islamiste ont attaqué encore un commissariat de Kano, la grande métropole du nord du Nigeria.
Un témoin a affirmé qu'un femme avait été tuée et un policier blessé.
Boko Haram multiplie depuis des mois les attentats sanglants et les autorités ont essuyé de vives critiques pour leur incapacité à mettre fin à ce cycle de terreur.
Les islamistes ont entre autres revendiqué une série d'attentats le jour de Noël qui ont visé en particulier des églises (49 morts) et fait naître la crainte de violences interconfessionnelles.Certains vont jusqu'à évoquer le risque d'une guerre civile.
Hafiz Ringim avait aussi été sous le feu des critiques la semaine dernière après l'évasion du principal suspect dans l'attentat le plus meurtrier du jour de Noël, au lendemain de son arrestation.
Mardi, Amnesty International avait souligné le manque d'entraînement et d'équipement de la police nigériane dans un communiqué condamnant les attaques de Kano et appelant les autorités à faire davantage pour protéger la population.
La présidence a aussi annoncé mercredi la création d'un "comité spécial" chargé de superviser "la réorganisation urgente" de la police.
Selon l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW), au moins 935 personnes ont été tuées au Nigeria dans les attentats revendiqués par Boko Haram depuis 2009.
Les attaques de ce groupe sont de plus en plus meurtrières, dirigées contre les forces de l'ordre et, plus récemment, contre les chrétiens.Plus de 250 personnes ont été tuées durant le seul mois de janvier 2012.
Cinq kamikazes auraient pris part à l'assaut de vendredi à Kano.Un porte-parole de Boko Haram a affirmé que le groupe avait agi en représailles au refus du gouvernement de libérer plusieurs de ses membres emprisonnés.
Un couvre-feu nocturne est en vigueur à Kano et mercredi, policiers et soldats contrôlaient les véhicules à des checkpoints.
Dans la nuit de lundi à mardi, l'armée a mené un raid contre une maison soupçonnée d'abriter des membres de Boko Haram.
Les Etats-Unis ont appelé mardi "tous les Nigérians à rester unis contre les ennemis de la vie en commun et de la paix".
Une délégation gouvernementale américaine était mardi à Abuja où elle s'est entretenue de questions de sécurité avec les autorités.Les deux parties ont décidé de renforcer les capacités opérationnelles des agences de sécurité nigérianes, selon le communiqué d'une commission bilatérale.
Les 160 millions de Nigérians sont répartis en nombre égal entre le nord, majoritairement musulman, et le sud, à dominante chrétienne.
Certains s'interrogent sur d'éventuels liens entre Boko Haram et la branche maghrébine d'Al Qaïda (Aqmi), même si des observateurs estiment que Boko Haram est davantage lié à des problématiques nigérianes, politiques notamment.
Mardi, les ministres des Affaires étrangères de Mauritanie, Mali, Niger et Algérie, réunis à Nouakchott, ont conclu que des liens existaient bien entre les deux mouvements.
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