Nigeria: les députés débattent de la prolongation de l'état d'urgence pour lutter contre l'insurrection islamiste de Boko Haram, alors que l'aide internationale monte en puissance.
M. Jonathan a exclu mercredi de négocier la libération des 223 lycéennes kidnappées par Boko Haram il y a un mois en échange de celles d'islamistes détenus par l'Etat, selon le ministre britannique en charge des questions africaines, Mark Simmonds, qui s'est entretenu avec lui à Abuja.
Une mise au point du président après une certaine confusion sur les intentions des autorités nigérianes, deux ministres ayant tenu des propos contradictoires cette semaine.
Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, avait proposé un tel échange dans une vidéo, diffusée lundi, montrant les jeunes filles enlevées dans leur école de Chibok, situé dans l'Etat de Borno (nord-est), principal fief du mouvement.
Toujours selon le ministre britannique, le président nigérian souhaite cependant engager des discussions plus larges avec les islamistes pour mettre fin à l'insurrection sanglante qu'ils ont lancée en 2009 et qui a fait des milliers de morts, en bonne partie des civils, dans d'innombrables attaques, attentats et massacres.
C'est pour tenter de mettre fin à cette insurrection et de reprendre le contrôle du nord-est du pays qu'Abuja avait décrété il y a un an l'état d'urgence dans les trois Etats d'Adamawa, Borno et Yobe.Cette mesure, initialement en vigueur pour six mois, a déjà été reconduite une fois, et M. Jonathan souhaite une nouvelle prolongation de six mois.
Elle est contestée par l'opposition, qui estime qu'elle n'a pas permis de mettre fin, ni même de réduire les violences de Boko Haram, tout en privant la population de liberté.De fait, l'état d'urgence n'a pas empêché la multiplication des attaques dans les trois Etats concernés, ni deux attentats à la voiture piégée qui ont fait à Abuja une centaine de morts en l'espace d'un mois.
- Drones américains -
A la crise sécuritaire s'ajoute une crise politique, le président Jonathan étant contesté en interne dans son parti pour sa volonté de se représenter à la présidentielle en 2015, en dépit de la règle tacite d'alternance entre un président issu comme lui du sud du pays - majoritairement chrétien - et du nord - majoritairement musulman.
La classe politique dans son ensemble critique aussi l'échec du pouvoir à lutter contre Boko Haram et en particulier son manque de réactivité face au rapt massif et sans précédent des lycéennes de Chibok, qui a suscité une indignation mondiale.M. Jonathan "est dépassé par les événements, voilà la situation" a lancé mercredi l'ancien président Olusegun Obasanjo sur la BBC.
La mobilisation internationale pour aider le Nigeria à secourir les jeunes filles continue de monter en puissance.
Les Etats-Unis ont annoncé mercredi que l'armée américaine utilisait des drones de surveillance et des avions pour aider aux recherches.
IL s'agit de drones Global Hawk, qui peuvent voler à haute altitude, et d'avions MC-12, des appareils de surveillance souvent utilisés en Afghanistan, a précisé à l'AFP un responsable militaire américain.
Le Royaume-Uni a proposé mercredi "une assistance supplémentaire", incluant "un avion de reconnaissance".Une dizaine d'experts britanniques sont déjà arrivés sur place, ainsi que des experts français.La Chine et Israël ont également proposé leur aide.
Les services du président nigérian ont indiqué qu'il avait reçu également des "appels de solidarité" des Premiers ministres d'Algérie et du Pakistan, prêts à "appuyer" les recherches en cours.
Un sommet sur la sécurité au Nigeria doit se tenir samedi à Paris, rassemblant, autour du président François Hollande, les dirigeants d'au moins cinq pays africains: le Nigeria et quatre de ses voisins, le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Bénin.Des représentants des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l'Union européenne ont aussi été invités.
Il s'agit de trouver "comment arriver à cerner (Boko Haram) par l'intelligence, comment arriver à former pour combattre et comment arriver à débusquer les assassins", a expliqué le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.
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