Nigeria: médiation avec Boko Haram pour libérer les lycéennes

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Lagos (AFP)

L'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo a tenté une médiation avec des intermédiaires de Boko Haram pour libérer les 200 lycéennes kidnappées par le groupe islamiste armé mi-avril, que l'armée affirme avoir localisées.

L'ancien chef de l'Etat de 2007 à 2001, qui reste une figure politique influente, a rencontré ce week-end des intermédiaires de Boko Haram dans sa ferme de l'Etat d'Ogun (sud), a indiqué mardi à l'AFP une source proche de ces pourparlers, s'exprimant sous couvert d'anonymat.

Le gouvernement, qui avait tenté une médiation secrète avant d'y mettre fin brusquement, selon la même source, n'avait pas indiqué mardi après-midi s'il était au courant de l'initiative de M. Obasanjo.

Un mois et demi après le rapt massif au lycée de Chibok, dans le nord-est du Nigeria, les familles restent sans nouvelles des 223 adolescentes toujours aux mains des islamistes, dont le sort a entraîné une mobilisation mondiale. 

"Le but de la rencontre était de négocier la libération des filles", a déclaré la source.L'ex-président, des proches de responsables de Boko Haram et des intermédiaires y ont participé. 

Un avocat, Mustapha Zanna, proche de la famille de l'ancien chef de Boko Haram, Mohammed Yusuf, a confirmé la tenue de la rencontre, sans toutefois préciser le contenu des discussions. 

Le président nigérian Goodluck Jonathan avait exclu récemment tout échange de prisonniers --lycéennes contre islamistes détenus dans les prisons de l'Etat-- avec Boko Haram, une possibilité évoquée par l'actuel chef du groupe, Abubakar Shekau

Mais selon la source de l'AFP, le gouvernement avait auparavant tenté secrètement de négocier la libération des jeunes filles, en envoyant négocier avec Boko Haram un journaliste, Ahmad Salkida, proche de l'ancien chef du groupe, Mohammed Yusuf, tué par les forces de l'ordre en 2009.

"Il y avait un contact mais le gouvernement l'a bousillé", d'après la source, après le retour de Goodluck Jonathan du sommet de Paris le 17 mai, où un plan de lutte international contre Boko Haram a été décidé par le Nigeria et les pays voisins, appuyé par les Occidentaux.

- Obasanjo,coutumier des négociations délicates -

 

Lundi soir, le chef de l'état-major des forces armées nigérianes, le maréchal Alex Badeh, a affirmé savoir où se trouvent les 223 adolescentes, sans donner d'autre précision.Pour autant, une opération militaire, risquée pour la vie des prisonnières, ne semblait pas l'option privilégiée par le pouvoir.

"Nous savons où elles se trouvent, mais nous ne pouvons pas vous le dire", a déclaré le maréchal Badeh."Nous ne pouvons pas nous lancer comme ça", et prendre le risque "de tuer nos filles alors que nous souhaitons les libérer".

Olusegun Obasanjo, qui avait soutenu l'élection de Goodluck Jonathan en 2011, a depuis pris ses distances avec lui, critiquant durement sa gestion du pays et son échec à contenir l'insurrection islamiste de Boko Haram dans le Nord-Est, qui a fait des milliers de morts et d'énormes destructions depuis cinq ans.

M. Obasanjo avait déjà tenté de mener des négociations officieuses avec Boko Haram, après l'attentat meurtrier contre le siège des Nations unies à Abuja en 2011.Il s'était alors rendu à Maiduguri (nord-est), le fief historique du groupe, pour rencontrer des parents de Mohammed Yusuf.Ces discussions avaient échoué à faire baisser les violences.

L'avocat Mustapha Zanna, qui avait défendu la famille de Mohammed Yusuf dans son procès contre l'Etat nigérian après sa mort, avait déjà aidé à organiser cette rencontre de 2011.

Toujours selon la source de l'AFP, Olusegun Obasanjo supporte mal l'ingérence étrangère dans les affaires de la première puissance économique et démographique d'Afrique, jugeant son prestige écorné.

A la suite de l'émotion et de la mobilisation internationale suscitées par l'enlèvement des jeunes filles, et pour lutter contre la "menace régionale" de Boko Haram, classée organisation "terroriste" liée à Al-Qaïda par le Conseil de sécurité de l'ONU, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et Israël ont dépêché experts et matériel militaire -dont des avions et des drones- au Nigeria.

Une aide que le pouvoir nigérian avait dû accepter devant le tollé général, au Nigeria comme à l'étranger, après plusieurs semaines d'indifférence et d'inaction apparentes au sort des lycéennes enlevées.

Les attaques attribuées à Boko Haram se sont néanmoins poursuivies ces dernières semaines, faisant des centaines de morts.

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