Les syndicats du pétrole du Nigeria ont menacé jeudi d'arrêter la production à partir de dimanche en soutien à la grève générale contre la hausse des prix des carburants qui paralyse le pays depuis le début de la semaine.
Mais ils devaient aussi rencontrer jeudi pour la première fois le président Goodluck Jonathan avant que la production du premier pays pétrolier d'Afrique ne soit touchée.
Ce nouveau développement dans la grève générale lancée lundi contre la hausse des prix de l'essence intervient alors que l'ONU évoque des "crimes contre l'humanité" contre le groupe islamiste Boko Haram, pour ses attentats contre les chrétiens notamment dans le nord musulman qui viennent ajouter à la tension.
"Nous rencontrerons le président à 17H00 (16H00 GMT)", a indiqué Peter Esele, président du Trade Union Congress.Il s'agit d'une des deux confédérations qui encadrent la grève générale et qui menacent d'arrêter la production de pétrole à partir de dimanche si le gouvernement ne revient pas sur la fin des subventions sur les hydrocarbures.
Cette mesure prise le 1er janvier a doublé les prix de l'essence, pénalisant les plus pauvres pour les transports et l'électricité.
"Pour que nous négocions, le prix de l'essence doit revenir à 65 nairas" (0,30 euro), avait déclaré plus tôt Denja Yacub, secrétaire général du Syndicat nigérian des travailleurs.
La grève générale a mis des centaines de milliers de manifestants dans les rues - comme jeudi à Kano (nord) - et fait plusieurs morts depuis lundi.
Lors des rassemblements à Lagos, la plus grande ville du Nigeria, des incidents se sont produits jeudi à certains endroits avec des jeunes mettant le feu à des pneus d'une voiture de police et vandalisant les alentours.Seun Kuti, fils du légendaire chanteur et opposant Fela Kuti, a tenu un meeting-concert pour la foule, en dénonçant les autorités.
La menace des syndicats du pétrole de se joindre au mouvement représente une escalade du conflit à un secteur clé de l'économie nationale et, selon les analyses, représenterait une arme de dernier recours d'autant que l'arrêt et le redémarrage de ce secteur prennent longtemps.
Les inquiétudes concernant le Nigeria mais aussi l'Iran ont fait grimper les prix du pétrole jeudi à New York.
Selon des responsables gouvernementaux et des économistes l'abandon des subventions doit permettre de dégager 8 milliards de dollars par an pour investir dans des projets d'infrastructures quasi inexistantes dans le pays.
Des sénateurs et des députés ont tenté de leur coté une médiation afin de mettre un terme à la crise, sans avoir rencontré de résultat jusqu'à présent.Une autre réunion des syndicats avec des députés était prévue jeudi.
La grève et les manifestations ont mis le gouvernement sous une pression croissante alors qu'il cherche à interrompre les attaques du groupe islamiste Boko Haram dirigées notamment contre les chrétiens et les institutions de l'Etat.
A Genève, la Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, a indiqué jeudi que Boko Haram pourrait être déclaré coupable de "crimes contre l'humanité" si la justice montre qu'il a commis des attaques systématiques contre la population.
Les dernières attaques de ce groupe ont tué des chrétiens et des violences visant des musulmans dans le sud du pays ont fait craindre l'extension du conflit, certains évoquant même les risques d'une guerre civile dans le pays le plus peuplé d'Afrique (160 millions d'habitants).
Deux policiers ont été tués mercredi lors d'émeutes dans la ville de Minna au centre du pays.Des bâtiments officiels ont été brûlés.
Quatre chrétiens ont été tués prèsde de la ville de Potiskum, dans le nord-est, par des membres présumés de Boko Haram.Un couvre-feu nocturne a été imposé dans l'état de Yobe où se trouve Potiskum.
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