Washington a appelé mardi les Nigérians à l'unité après une série d'attaques à Kano, deuxième ville du Nigeria, qui ont fait 185 morts et ont été revendiquées par des islamistes, alors que de nouvelles fusillades tôt mardi ont effrayé les habitants encore sous le choc.
Les Etats-Unis ont appelé "tous les Nigérians à rester unis contre les ennemis de la vie en commun et de la paix" suite aux assauts coordonnés du groupe islamiste Boko Haram qui ont secoué vendredi soir la principale ville du nord du pays le plus peuplé d'Afrique et puissance pétrolière.
Dans un communiqué, la porte-parole de la diplomatie américaine Victoria Nuland a souligné que "la diversité ethnique et religieuse" du pays était une "force", "et ceux qui cherchent à la remettre en cause en semant la division ne peuvent pas réussir".
Selon l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW), au moins 935 personnes ont été tuées au Nigeria dans les attentats revendiqués par Boko Haram depuis que le groupe a lancé une campagne de violences en 2009.
Il ne cesse de multiplier les assauts de plus en plus meurtriers, à la fois contre les forces de l'ordre et, plus récemment, contre les chrétiens.Ainsi, rien qu'au cours des trois premières semaines de janvier, plus de 250 personnes ont été tuées, dont 185 vendredi à Kano, le bilan le plus lourd jusqu'à présent, souligne HRW dans un communiqué mardi.
La police a indiqué mardi avoir identifié les dépouilles de neuf assaillants à Kano, portant à 194 le bilan total des tués pour l'attaque de vendredi.
Des habitants ont affirmé avoir entendu des tirs pendant plusieurs heures dans la nuit de lundi à mardi, dans un quartier proche d'un poste de police de Kano.
Selon un témoin, un grand nombre de militaires et de forces de sécurité ont encerclé une maison soupçonnée d'abriter des combattants de Boko Haram, peu après minuit.Ils ont ouvert le feu, les suspects ont riposté.Les échanges de tirs ont duré quatre heures et demie.
"Les deux parties ont utilisé des mitrailleuses lourdes et tout le monde dans la quartier était terrorisé.On ne pouvait pas dormir", a raconté cet habitant.
Un autre résidant a indiqué avoir été "réveillé par des explosions et des tirs en provenance du poste de police mobile en face" de chez lui."C'est terrifiant".
Un couvre-feu nocturne est en vigueur à Kano depuis les attaques qui ont visé plusieurs commissariats notamment.
La police a indiqué lundi avoir découvert dix voitures chargées d'engins explosifs dans différents lieux de Kano, ainsi que plus de 300 grenades et bombes artisanales.Cinq des assaillants étaient des kamikazes, a-t-elle précisé.
"Une connexion avérée entre Aqmi et Boko Haram"
Les nombreuses attaques de Boko Haram ont fait naître des craintes de violences interconfessionnelles, certains évoquant même le risque d'une guerre civile au Nigeria.
Boko Haram, qui a longtemps ciblé essentiellement des symboles du pouvoir (police, armés, homme politiques) a revendiqué des attentats le jour de Noël contre des églises notamment, dont une, près d'Abuja, où 44 personnes avaient été tuées.
Lundi, des dignitaires religieux musulmans ont dit des prières pour la paix à Kano.
Les 160 millions de Nigérians sont à peu près aussi nombreux dans le nord, majoritairement musulman, que dans le sud, à dominante chrétienne.
Le président Goodluck Jonathan s'est rendu à Kano lundi.Confronté à la plus grave crise qu'il ait connue depuis son accession au pouvoir il y a neuf mois, il a promis de renforcer la sécurité dans le pays, par ailleurs touché par un mécontentement social croissant.
Le dirigeant a instauré l'état d'urgence dans plusieurs zones du nord et du centre le 31 décembre à la suite d'une vague de violences mais Kano n'est pas concernée par cette mesure.
Selon un porte-parole de Boko Haram, le groupe a agi vendredi en représailles au refus du gouvernement de libérer plusieurs de ses membres emprisonnés.
Depuis des mois, certains s'interrogent sur d'éventuels liens entre Boko Haram et la branche maghrébine d'Al Qaïda (Aqmi).
Mardi, le ministre malien des Affaires étrangères, Soumeylou Boubèye Maïga a estimé qu'il existait "une connexion avérée" entre les deux mouvements.
Il s'exprimait à l'ouverture d'une réunion, à Nouakchott, des chefs de la diplomatie du Mali, de la Mauritanie, du Niger et de l'Algérie, à laquelle a été invité le Nigeria.Les quatre pays sont confrontés à une insécurité croissante liée aux activités d'Aqmi et d'autres groupes criminels.Le ministre n'a pas fourni de détails sur cette "connexion avérée".
Beaucoup estiment cependant que Boko Haram est davantage lié à des problématiques nigérianes, politiques notamment.Le pays, richissime en hydrocarbures, est gangrené par une corruption qui entrave largement son développement.
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