Les principaux syndicats du Nigeria ont menacé mercredi de lancer une grève générale à partir du 9 janvier pour protester contre la suppression de subventions ayant entraîné le doublement du prix du carburant, une mesure contestée dans la rue depuis trois jours.
Dans le nord du pays, régulièrement touché par les attaques de la secte islamiste Boko Haram, des hommes armés ont par ailleurs attaqué un commissariat dans l'Etat de Jigawa, tuant une adolescente, au cours du premier incident de ce genre depuis l'entrée en vigueur de l'état d'urgence dans cette zone ce weekend.
Dans une déclaration commune, les deux principales confédérations syndicales nigérianes et des organisations alliées ont demandé que "la présidence fasse redescendre le prix du carburant à 65 nairas (0,30 euro)".
"Si le gouvernement ne s'exécute pas, il sera responsable de grèves générales illimitées, de rassemblements de masse et de protestations de rues qui se tiendraient dans tout le pays à partir du 9 janvier", ont mis en garde ces syndicats.
Pour la troisième journée consécutive, des manifestations ont éclaté mercredi à Kano, principale ville du nord, où des centaines de personnes se sont rassemblées sur la grande place centrale rebaptisée pour l'occasion "Place de la libération".
Stoppés par les forces de l'ordre devant le gouvernorat, les protestataires ont fermé de force plusieurs stations-services et menacé d'incendier le siège local d'un journal national.
Plusieurs manifestations avaient déjà eu lieu lundi et mardi, notamment à Lagos, Abuja et Kano, où elles ont été pour la plupart dispersées par la police.Selon un syndicat, un manifestant a été abattu mardi par la police dans le centre-ouest, ce que la police a démenti.
La suppression des subventions des prix du carburant est très impopulaire au Nigeria, premier producteur de pétrole d'Afrique et pays le plus peuplé du continent avec 160 millions d'habitants dont la majorité vit avec moins de deux dollars par jour.
Annoncée par surprise par le gouvernement le 1er janvier, cette mesure a eu pour conséquence une hausse en flèche des prix à la pompe, le litre d'essence passant dès lundi de 65 nairas (0,30 euro) à au moins 140 naira (0,66 euro).
Un commissariat "criblé de balles"
Dans l'Etat de Jigawa, des assaillants non-identifiés ont attaqué le poste de police de la ville de Birniwa.Après avoir lancé une bombe qui n'a pas explosé, ils ont "criblé de balles" le bâtiment, tuant une jeune fille et blessant un policier, selon un responsable policier local.
Plusieurs attaques de ce type dans le nord du Nigeria ont été attribuées à Boko Haram.
Le président Goodluck Jonathan a décrété l'état d'urgence ce weekend dans plusieurs zones du nord, dont l'Etat de Yobe - voisin de celui de Jigawa - où les attaques de la secte ont fait des centaines de morts ces derniers mois.
Cette mesure a été prise après les attaques revendiquées par Boko Haram qui ont fait une cinquantaine de morts le jour de Noël, dont la grande majorité a été tuée à la sortie d'un office religieux dans une église près d'Abuja.
Après les attentats de Noël, la communauté chrétienne a menacé de recourir à l'auto-défense si les violences se poursuivaient dans un pays divisé entre un Nord pauvre à dominante musulmane et un Sud plus riche, surtout chrétien et animiste.
L'un des porte-parole habituels de Boko Haram a fixé dimanche soir un ultimatum de trois jours aux chrétiens vivant dans le Nord pour partir.Les autorités ont affirmé ne pas prendre au sérieux ces menaces mais disent avoir tout de même pris des mesures préventives.
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