Trois attaques à la bombe ont eu lieu mercredi dans deux villes du nord du Nigeria, trois jours après l'entrée en vigueur de l'état d'urgence dans plusieurs zones ciblées depuis plusieurs semaines par les combattants du mouvement islamiste Boko Haram, ont indiqué des militaires et des habitants.
Aucune victime n'a été signalée après les attaques qui ont été revendiquées par cette secte islamiste qui avait lancé dimanche un ultimatum de trois jours aux chrétiens vivant dans le Nord majoritairement musulman du Nigeria pour partir et menacé de combattre les troupes gouvernementales dans des zones où l'état d'urgence a été décrété.
Deux personnes ont par ailleurs été tuées dans un incident séparé, selon un source hospitalière.
Ces attentats à Maiduguri et Damaturu sont les premiers dans les régions placées sous état d'urgence par le président Goodluck Jonathan à la suite de la recrudescence des attaques de la secte islamiste Boko Haram.
Abul Qaqa, qui affirme être un porte-parole de Boko Haram, a déclaré, dans un appel téléphonique à l'AFP que l'organisation était l'auteur des attaques, une revendication qui n'a pas pu être vérifiée de source indépendante. "Nous sommes responsables des explosions de bombes qui se sont produites ce soir à Damaturu et Maiduguri", a-t-il dit. "C'est la réponse à l'expiration de l'ultimatum que nous avons donné à ceux du Sud", a-t-il ajouté.
Dimanche, Abul Qaqa, qui s'exprime régulièrement au nom du groupe, a déclaré que Boko Haram donnait "un ultimatum de trois jours aux chrétiens pour quitter le Nord du Nigeria".Il a aussi prévenu que la secte combattrait les troupes gouvernementales dans des zones où l'état d'urgence a été décrété. Les autorités avaient indiqué ne pas prendre au sérieux les menaces de Boko Haram mais avoir tout de même pris des mesures préventives.
"Il y a eu deux explosions dans le quartier de Mairi ce (mercredi) soir.Les engins étaient placés dans un fossé et personne n'était dans les environs quand ils ont explosé", a indiqué à l'AFP le porte-parole de la force militaire spéciale déployée à Maiduguri, le lieutenant-colonel Hassan Mohammed. Les explosions se sont produites près d'un poste des douanes, mais le porte-parole a exclu que cet établissement ait été la cible de l'attaque.
A Damaturu, une bombe a explosé dans un bar à bière, selon un client.Les établissements vendant des boissons alcoolisées sont fréquentés par des chrétiens et sont des cibles habituelles des islamistes.
Mardi soir, des hommes armés avaient attaqué un commissariat dans l'Etat de Jigawa (nord), tuant une adolescente au cours du premier incident de ce type depuis l'entrée en vigueur de l'état d'urgence.
Les assaillants ont tiré dans tous les sens et ont lancé un engin explosif sur le commissariat."Il n'a pas explosé, ce qui a évité au commissariat d'être détruit, même si ses murs ont été criblés de balles", a déclaré le commissaire de police local, Hashimu Argungu.
Le président nigérian Goodluck Jonathan avait décrété l'état d'urgence ce week-end dans plusieurs zones du Nigeria, dont l'Etat de Yobe - voisin de celui de Jigawa - où les attaques de la secte ont fait des centaines de morts ces derniers temps. Il avait également annoncé la fermeture des frontières dans les régions les plus touchées par les violences.
L'instauration de l'état d'urgence a été décidée après les attaques revendiquées par Boko Haram qui ont fait une cinquantaine de morts le jour de Noël, dont la grande majorité a été tuée à la sortie d'un office religieux dans une église près d'Abuja.
Boko Haram - dont le nom signifie "l'éducation occidentale est un péché" et qui se réclame des talibans afghans - a revendiqué de nombreuses attaques, dont l'attentat suicide perpétré en août 2011 contre le siège de l'ONU à Abuja qui avait fait 25 morts.
Les attentats commis à Noël ont provoqué des vagues de craintes et de consternation au Nigeria et dans le monde.
Des musulmans sont fréquemment victimes des attentats de Boko Haram dont les attaques ont principalement lieu dans le nord-est du Nigeria, mais celles de Noël ont spécifiquement visé des églises.
La communauté chrétienne nigériane a menacé de recourir à l'auto-défense si les violences se poursuivaient au Nigeria - 160 millions d'habitants - dans un pays divisé entre un Nord pauvre à dominante musulmane et un Sud plus riche, surtout chrétien et animiste.
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