Nigeria: un mort dans une manifestation contre la hausse des carburants, la grogne s'amplifie

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LAGOS (AFP) - (AFP)

Un homme a été tué mardi au Nigeria et la police a tiré des gaz lacrymogènes et procédé à des interpellations lors de manifestations contre la brusque hausse des prix de l'essence, très impopulaire dans le premier producteur de brut d'Afrique.

L'un des principaux syndicats du pays a affirmé qu'un manifestant avait été abattu par la police dans le centre-ouest, ce que la police a démenti.

Environ 200 personnes ont battu le pavé de la capitale économique Lagos, a constaté une journaliste de l'AFP, pour dénoncer la suppression des subventions des prix à la pompe annoncée le 1er janvier sans que cette date n'eut été communiquée antérieurement.

Dès lundi, le litre d'essence est passé de 65 nairas (0,30 euro) à au moins 140 nairas (0,66 euro).

Parmi les manifestants figuraient d'influents défenseurs des droits civiques et des droits de l'Homme ainsi que Seun Kuti, musicien et fils du défunt Fela Kuti, roi de l'afro-beat qui fut un fervent critique de la corruption des régimes nigérians jusqu'à sa mort en 1997.

"Jonathan est le seul terroriste du Nigeria", a lancé Seun Kuti à la foule, dans une critique féroce du président Goodluck Jonathan.

"Les Nigérians ne peuvent pas payer leur essence au même prix que les Américains.Nous n'avons pas le salaire minimum américain", a-t-il dit.

La police a dispersé avec des gaz lacrymogènes un petit groupe d'individus qui brûlaient des pneus sur la chaussée, en marge de cette manifestation.Un homme affirmant avoir été blessé par balle a montré à des journalistes une plaie à l'estomac.

Une station essence à été mise à sac et d'autres ont fermé sous la pression des manifestants qui leur demandaient de se joindre à leur mouvement.

"Nous ne quitterons pas les rues tant que les prix de l'essence ne seront pas redescendus à 65 nairas", a averti un manifestant, Tunde.

A Ilorin, capitale de l'Etat de Kwara (centre-ouest), un homme est mort au cours d'une manifestation.

Le syndicat Congrès du travail du Nigeria (NLC) a affirmé qu'il avait été abattu par la police.Un porte-parole de la police a lui assuré à l'AFP que l'homme avait été poignardé par des gens dans la foule.

Menaces de grèvesLa suppression des subventions des prix du carburant est très impopulaire au Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique avec 160 millions d'habitants dont la majorité vit avec moins de deux dollars par jour.

Beaucoup ont le sentiment que la subvention de l'Etat sur le carburant était le seul bénéfice qu'ils tiraient à vivre dans une puissance pétrolière dont le développement est largement entravé par la corruption.

A Kano, plus importante ville du nord, la police est intervenue dans la matinée pour empêcher une manifestation qui se préparait et a interpellé neuf personnes.

Audu Bulama, l'un des organisateurs de ce sit-in, a affirmé à l'AFP avoir été détenu avec huit autres personnes.Ils ont été relâchés après quelques heures.

D'autres manifestations ont eu lieu ailleurs dans Kano mardi, dont une d'environ 200 personnes près du parlement local, a constaté un journaliste de l'AFP.

Lundi, la police avait tiré des grenades lacrymogènes contre plusieurs centaines de manifestants dans la capitale Abuja.Les principaux syndicats du pays ont menacé de grèves dans les prochains jours.

Le président Goodluck Jonathan, le respecté chef de la Banque centrale nigériane, Lamido Sanusi, et la ministre des Finances et ancienne directrice générale de la Banque mondiale, Ngozi Okonjo-Iweala, militaient depuis des mois en faveur de cette dérégulation du secteur pétrolier.

Le gouvernement a expliqué que les subventions sur les prix des carburants ont coûté plus de 8 milliards de dollars en 2011.

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